La situation sécuritaire s’est détériorée en République Démocratique du Congo (RDC), avec la percée du groupe armé Mouvement du 23 Mars (M23) dans la région du Sud-Kivu, à l’est du pays, depuis le 18 janvier 2025. Alors que les casques bleus de la MONUSCO se sont retirés de la région du Sud-Kivu en juin 2024, la région ne bénéficie plus de forces de maintien de la paix et se retrouve à la merci des Forces armées de la RDC (FARDC) et des groupes armés, qui s’affrontent violemment depuis le début de cette année.
Selon Ndèye Khady Lo, la porte-parole de la MONUSCO, l’avancée du M23 dans cette région a déjà causé de nombreuses pertes en vies humaines et le déplacement de plus de 250 000 personnes. Elle précise que c’est la première fois que le conflit s’étend ainsi au Sud-Kivu.. Mme Khady Lo a mis en garde face à l’évolution possible de l’avancée du M23 dans le Nord-Kivu, la situation sécuritaire est hautement compromise dans la région, alors que de nombreux habitants se réfugient dans les environs de Goma et de Sake, deux villes à la frontière entre le Sud et le Nord-Kivu. Cependant, ces deux villes situées dans la région du Nord-Kivu bénéficient encore de la protection de la MONUSCO, bien que les positions défensives soient sous haute pression au vu de ces évènements récents. D’après Radio Okapi, la radio officielle de la MONUSCO, des détonations de tirs d’artillerie ont été entendues aux alentours de Goma et dans les collines surplombant la ville de Sake, dans le Nord-Kivu.
Le retrait de la MONUSCO dans le Sud-Kivu laisse également l’aide humanitaire sans soutien de la part de la mission onusienne. Les centres hospitaliers fonctionnent en service minimum, et les blessés sont majoritairement pris en charge par le Comité International de la Croix Rouge, précise Radio Okapi. L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé le vendredi 17 janvier 2025 que les conflits dans l’est de la RDC ont provoqué le déplacement de plus de 230 000 personnes depuis le début de l’année.
Les relations entre le Rwanda, présumé de fournir une aide matérielle au M23, et la RDC sont au plus bas. Alors que les deux présidents devaient se rencontrer le 15 décembre dernier dans le cadre de l’Accord de paix de Luanda, la rencontre a été annulée par l’imposition d’une nouvelle condition par le Rwanda : un dialogue direct entre la RDC et le M23, ce que le président congolais Félix Tshisekedi a catégoriquement refusé. Ce dernier a cependant réaffirmé la volonté de son pays de rester dans le processus de paix de Luanda, bien que « la crédibilité de ce processus soit compromise par les violations répétées de Kigali et son soutien actif au M23 », a-t-il déclaré.
Rédaction : Augustin Bollue, assistant de recherche au GRIP et à l’OBG.