Tenant compte des recommandations du Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, le Conseil de sécurité a renouvelé par la résolution 2387 du 15 novembre 2017, le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) jusqu’au 15 novembre 2018.
La mission bénéficiera d’un bataillon de 900 soldats supplémentaires, afin d’exécuter « plus efficacement l’intégralité de son mandat ». Le plafond des effectifs autorisé atteindra ainsi le nombre de 11 650 militaires parmi lesquels on trouva 480 observateurs militaires et officiers d’état-major. Par ailleurs, 2080 « bérets bleus » seront déployés et des « équipes de police spécialisée » pourraient également venir renforcer les capacités de la MINUSCA.
La résolution réorganise le mandat de l’opération de paix et met l’accent sur trois tâches prioritaires. Tout d’abord, le renforcement des effectifs devrait permettre d’améliorer la protection des populations civiles, mais aussi du personnel humanitaire fréquemment ciblé par des attaques criminelles, alors que la très grande majorité du pays est sous l’emprise de groupes armés et qu’environ 50 % de la population est dépendante d’une aide internationale. Sur le pan opérationnel, la MINUSCA a réaffirmé son choix de se tourner « vers une position plus proactive et robuste ». Une nouvelle force d’intervention sera par conséquent mise sur pied (parallèlement à celle composée de forces spéciales portugaises) ; davantage de « patrouilles actives » seront organisées dans les zones à risques tandis que les systèmes d’alertes précoces connaitront des améliorations.
Néanmoins, comme l’ont rappelé à plusieurs reprises les États-Unis, l’augmentation du nombre de Casques bleus ne règle pas le problème de l’efficacité des contingents sur le terrain. Celle-ci dépend particulièrement de l’équipement, de la formation et des moyens opérationnels dont dispose le personnel militaire onusien. Or sur ce point, les lacunes sont nombreuses. Par ailleurs, une enquête spéciale indépendante sera bientôt lancée pour obtenir davantage d’informations sur certains Casques bleus qui auraient failli à leurs tâches de protection des populations (qui étaient pourtant placées près des camps onusiens). Ce manque de réactivité a tendance à décrédibiliser l’opération de paix auprès des populations locales, et à détériorer la capacité de dissuasion des contingents onusiens face aux groupes armés.
Par ailleurs, la MINUSCA doit soutenir le processus de paix et de réconciliation en renforçant activement la reconstruction politique, sociale et judiciaire de la République centrafricaine. Dans ce sens, l’opération de paix appuiera l’extension de l’autorité de l’État centrafricain, l’épaulera dans ses programmes de redéploiement progressif des forces armées centrafricaines (FACA) et encouragera les processus de justice transitionnelle.
Enfin, un mécanisme d’information et de suivi renforcé de la lutte contre les risques d’exploitations et d’abus sexuels des Casques bleus contre les populations civiles, verra le jour.
Sources :
- Conseil de sécurité, S/RES/2387, 9 novembre 2017.
- Pierre Pinto, « RCA : Redonner du muscle et de la réactivité à la MINUSCA», RFI, 15 novembre 2017.
- Crédits image : MINUSCA