Le vendredi 16 juin, lors d’une réunion du Conseil de Sécurité concernant la situation sécuritaire au Mali, Abdoulaye Diop, le ministre des Affaires étrangères du Mali, a demandé le départ de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) du pays. Cette demande intervient un peu plus d’un an après la demande de retrait des troupes françaises de Barkhane.
Cela s’inscrit également dans un contexte d’aggravation des tensions entre les autorités de la junte malienne (au pouvoir depuis le dernier coup d’État de 2021) et la MINUSMA. Depuis plusieurs mois, différents éléments témoignaient d’une détérioration du climat, comme par exemple l’expulsion en mars dernier du directeur de la division des droits humains de la mission par les autorités maliennes. Par ailleurs, de nombreuses autorisations de vols nécessaires pour la mission avaient été refusées par le Mali, ce qui compliquait l’exécution du mandat de la mission. Ces éléments se sont cristallisés le mois dernier avec la sortie du rapport de la MINUSMA sur le massacre de Moura, qui accusait les forces armées maliennes et « du personnel militaire étranger » – dit Wagner -, du meurtre de centaines de civils dans le village de Moura. Le Mali avait d’ailleurs accusé la mission de créer un récit fictif, et déclaré vouloir établir sa propre enquête contre la mission pour espionnage.
Selon Abdoulaye Diop, la mission doit désormais quitter le territoire car elle a échoué dans son mandat. Il déclare ainsi : « Le réalisme impose le constat de l’échec de la MINUSMA dont le mandat ne répond pas au défi sécuritaire ». En décembre 2022, le Mali avait demandé à la MINUSMA de prioriser l’aspect sécuritaire et offensif de son mandat en apportant d’avantage son soutien aux autorités maliennes.
Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU avait compris que le mandat de la mission n’était plus adapté et avait publié un examen interne de la mission en janvier 2023 (S/2023/36) laissant trois possibilités : 1. Une augmentation des troupes 2. Une reconfiguration des priorités de la mission avec le même nombre de troupe. 3. La transformation de la mission de paix multidimensionnelle en une mission politique à Bamako. Le 1er juin, dans son nouveau rapport (S/2023/402) sur la situation malienne, il avait appelé à sélectionner la seconde option. Cependant, avec la demande de retrait de la mission, c’est son existence même qui est remise en question. El Ghassim Wane, le Chef de la MINUSMA, a d’ailleurs déclaré que le maintien de la paix devait fonctionner avec l’accord du pays occupant, ce qui n’est plus le cas pour la MINUSMA.
Le mandat de la mission – ainsi que sa survie – sera discuté le 29 juin devant le Conseil de Sécurité. Le Burkina Faso a pourtant d’ores et déjà soutenu la demande malienne et affirmé qu’il retirait son contingent de la mission. La Russie a également donné son appui au pays. D’autres pays, comme la France, les États-Unis, le Royaume-Uni ainsi que les A3 (Mozambique, Ghana et Gabon) ont souligné l’importance de la mission pour l’établissement d’une paix durable.