Le 20 novembre dernier, l’Observatoire Boutros-Ghali du maintien de la paix a organisé un séminaire en présentiel au siège des Nations unies à New York intitulé « Les enjeux de la francophonie dans le maintien de la paix – État des lieux et perspectives sur l’engagement des pays contributeurs de troupes et de police francophones dans les opérations de paix ». La session introductive de la journée, l’intervention liminaire et les deux premiers panels ont été filmés et diffusés par UN web TV et les résumés et enregistrements vidéos sont disponibles à ce lien.
La dernière session de l’événement n’a pas été filmée afin d’avoir un temps plus informel et libre en fin de journée. Il s’agissait d’une table ronde intitulée « Les nouvelles initiatives francophones dans le maintien de la paix : opportunités et défis de coopération, de coordination et de mise en cohérence ».
Modérée par Clémence Buchet-Couzy, chargée de recherche au GRIP et membre du projet OBG, cette table ronde avait pour objectif de mettre en avant les actions concrètes mises en place par différents acteurs francophones afin de renforcer leur contribution dans le maintien de la paix, notamment à travers l’appropriation des procédures onusiennes. La discussion a permis de revenir sur diverses initiatives qui existent et qui peuvent se révéler utiles pour les participants, et sur les opportunités de collaboration à explorer, et sur le besoin de donner une direction coordonnée, cohérente, claire et réalisable à ces projets qui coexistent.

En raison d’un déplacement de dernière minute l’Ambassadeur Omar Hilale, représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies n’a pas pu être présent lors de cette dernière session du séminaire.
Tout d’abord le Général de brigade Vincent de Kytspotter, Chef de la Représentation militaire et de Défense de la France aux Nations unies est intervenu afin de présenter certains des projets récemment mis en œuvre par la France afin de soutenir l’amélioration de la préparation des PCT francophones et de la formation de leurs troupes et personnel. Il a rappelé le fait que la francophonie fait partie du multilinguisme et qu’il faut être inclusif tout en démontrant la plus-value de la langue française en OP notamment en terme de performance opérationnelle. Il est également revenu sur le fait que le manque de troupes francophones dans les OP, notamment francophones est dû aux différents obstacles auxquels font face les PCT francophones notamment les déficits capacitaires et en matière de formation. Ce déficit de présence francophone est aussi important au niveau des structures décisionnelles clés. Selon lui, il faudrait plus de coopération et de coordination des États francophones, notamment en préparation de la Ministérielle de Berlin en mai 2025. Ensuite, il a souligné les différentes initiatives conduites par la France afin d’appuyer la participation des PCT francophones aux OP et de promouvoir le français au siège et sur le terrain.
1 : Actions de formation au profit de PCT partenaires
- La formation des formateurs ONU (ToT)
- Le cours Conseiller militaire genre
- La conduite d’équipes de formation mobile (MTTs)
- Le soutien à l’organisation de la formation au profit des officiers militaires féminins (FMOC) francophone
- Le financement par le MEAE du prochain Senior Mission Leaders Course (SMLC) francophone
2 : Appui à la montée en gamme capacitaire des Etats membres francophones partenaires
- Politique de cessions de matériel
- Cycles de Renforcement des capacités africaines en maintien de la paix (RECAMP)
3 : Soutien aux Ecoles nationales à vocation régionale (ENVR)
4 : Soutien à l’accessibilité des ressources documentaires en français sur le maintien de la paix
- L’actualisation en cours du manuel Être acteur des opérations de paix, dont la publication devrait avoir lieu courant 2025.
- Financement de traductions : soutien apporté à la traduction du Leadership Manual du Challenges Forum ; l’OBG assurera à partir de l’année prochaine la traduction de documents sur le maintien de la paix.
5 : Appui global à la contribution des Etats membres au maintien de la paix, au siège et sur le terrain
- Participation aux conférences ministérielles sur le maintien de la paix et mobilisation de la France en amont de la prochaine réunion de Berlin pour annoncer des contributions répondant aux besoins de l’ONU et adaptées aux futures modalités des OP.
- Soutien du MINARM à l’initiative de l’OIF d’offre d’accompagnement à la définition d’une stratégie d’engagement des Etats dans le maintien de la paix, dont le 2èmeatelier se tient demain.
- Appui aux candidatures francophones sur les postes de cadre au siège des Nations unies et sur le terrain
Ensuite, Grégory Robert, Spécialiste de programme Maintien et consolidation de la paix au sein de l’OIF a pris la parole afin de revenir sur l’évolution du rôle de la Francophonie dans la préparation des PCT et la mise en réseau des acteurs francophones, et ce à différents niveaux. Il a insisté sur le fait que cette réflexion sur le rôle de la Francophonie dans le maintien de la paix arrive à point nommé puisque les défis concernant les OP n’ont jamais été si importants, et notamment dans des pays francophones. Il a basé sa présentation sur cinq messages clés :
- La contribution francophone au maintien de la paix ne doit pas se limiter au déploiement de personnels en uniforme sur le terrain mais doit également se penser via un travail d’influence et de contribution à la définition des politiques du maintien de la paix, notamment à New-York où l’OIF fait un travail de plaidoyer important.
- En raison des contraintes budgétaires importantes et afin d’éviter les doublons il faudrait mieux se coordonner entre acteurs francophones pour l’organisation des formations et mutualiser les moyens.
- Il faudrait renouveler les modes de faire et modalités d’enseignement dans la dispensation des formations mentionnant notamment les nouvelles technologies comme atout à exploiter sans pour autant laisser de côté la formation en présentiel.
- Il est important de prioriser les thématiques de formation sur la base d’une analyse combinée des besoins, de ses avantages comparatifs et des potentiels en termes d’effets de levier
- Il faut renforcer les capacités des PCTs francophones au-delà du cadre des Nations unies, rappelant le changement de paradigme actuel du maintien de la paix.

En raison d’autres engagements, Khalid Zine d’UNITAR n’a pas pu être présent pour introduire la dernière formation mise en œuvre par UNITAR dans la préparation des PCT francophones sur les enjeux et la prise en compte de l’interculturalité lors d’un déploiement dans une OP, c’est donc Grégory Robert au nom de l’OIF, qui a co-développé ce cours, qui a diffusé une vidéo de présentation de la formation.
Enfin, Ettore di Benedetto, chef d’équipe au sein du Service intégré pour la formation du DOP (Integrated Training Service – ITS), est revenu sur le rôle d’ITS dans la préparation des PCT francophones, tant au niveau civil que militaire et policier. Comme ses co-panélistes, il a souligné le défi de coordination qui existe au niveau des formations au maintien de la paix. L’innovation est au cœur du travail d’ITS et il a présenté plusieurs initiatives innovantes développées, afin de notamment s’adapter au contexte en mutation :
- L’utilisation de la technologie et du multimédia.
- Projet de formation sur la mésinformation et de désinformation
- La révision du Cours francophone pour les Hauts responsables de mission (Senior mission leaders – SML)
- Le peloton d’engagement des Nations Unies
- La révision du cours pour les commandants de police.
- Cours sur les Opérations de Paix Militaires pour les Femmes
- Réseau de centres de formation par le biais du Mécanisme de coordination léger (Light Coordination Mechanism – LCM)
