Rapport du Secrétaire général sur le Mali
Le Rapport du Secrétaire général (SGNU) sur le Mali du 20 mars (publié en avril) aborde plusieurs avancées du processus de paix, survenues entre janvier et mars 2020. Tout d’abord, le Rapport souligne que le premier tour des élections s’est déroulé dans des conditions paisibles. Il porte également l’attention sur la mise en œuvre du système d’alerte précoce par la MINUSMA. Le rapport précise aussi que l’ouverture d’une ligne directe d’urgence a permis l’envoie de troupe dans certains villages pour prévenir des attaques. Par ailleurs, le SGNU salue dans ce rapport le déploiement de l’armée reconstituée dans le Nord du pays (Gao, Tombouctou, Kidal et Ménaka avec plus de 1.000 éléments déployés), depuis février 2020.
Le Rapport présente également la mise en œuvre du plan d’adaptation de la Force de la MINUSMA, élaboré en décembre 2019. Ce plan « vise à rééquilibrer et à accroître les capacités de la Mission en remédiant aux insuffisances critiques existantes et en augmentant sa mobilité et sa souplesse pour déployer des contingents entre les secteurs afin de réagir rapidement face à l’évolution des conditions de sécurité ». Le SGNU précise en outre que 19 membres du personnel civil de la MINUSMA a été déployé à Mopti afin d’accroître le soutien de la Mission au Cadre politique de gestion de la crise au centre du pays. De même, ce plan d’adaptation prévoit la création d’une force opérationnelle mobile pour répondre aux situations nouvelles, ce qui permettra à la Mission de mobiliser à tout moment les capacités requises. En ce qui concerne les ressources financières, Il est précisé, que « Le projet de budget de la Mission au titre de l’exercice 2020/21 comprend les coûts associés au plan d’adaptation, ce qui se traduit par une augmentation nette de 5 % par rapport à son budget de 2019/20 ».
Enfin, dans le cadre de l’initiative pour le maintien de la paix du SGNU (A4P), le rapport souligne que « des séances de formation avant le déploiement et en cours de mission, sur la sensibilisation aux risques d’explosion et à leur atténuation ont été organisées pour améliorer l’état de préparation du personnel civil et en uniforme. Le mécanisme de coordination souple a aidé deux États Membres à mener deux équipes mobiles de formation à Gao et Kidal afin d’améliorer la performance, la sûreté et la sécurité des contingents. En outre, deux pays fournisseurs de contingents ont déployé 17 et 24 véhicules blindés de transport de troupes supplémentaires dans le secteur centre et le secteur nord, respectivement ».
L’amélioration de la protection du personnel de l’ONU figure parmi les engagements pris par 152 États-membres, dans le cadre de l’A4P. Durant l’année 2019, 27 personnels des Nations unies, dont 23 Casques bleus et 4 civils ont trouvé la mort au cours de leur mission. Pour la sixième année consécutive, la MINUSMA se trouve en tête des OP les plus dangereuses en termes de pertes en vies humaines. Le 26 mars, le Conseil de sécurité (CSNU) a voté à l’unanimité sa première résolution relative à la protection du personnel des OP.
Briefing sur la MINUSMA en visioconférence
À la suite de la publication du rapport du SGNU sur le Mali, le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) a tenu le 7 avril une réunion informelle sur la MINUSMA, en visioconférence. Mahamat Saleh Annadif, Représentant spécial du SGNU (RSSG) et chef de la MINUSMA a briefé les 15 membres du CSNU sur le dernier rapport, ainsi que sur les conditions de travail de la Mission durant la pandémie de COVID-19.
Le RSSG a affirmé que malgré la crise sanitaire, la MINUSMA poursuivait ses efforts pour ramener la paix au Mali. En plus des avancées citées précédemment, il a ajouté que « La visite du Premier ministre dans les régions du Nord, notamment à Kidal, Tessalit et Aguelhok, est une démonstration de l’instauration d’un climat de confiance entre les parties signataires de l’accord ».
Le représentant du Niger, s’exprimant également au nom de l’Afrique du Sud, de la Tunisie, et de Saint-Vincent et Grenadines, a appelé au renforcement de la robustesse du mandat de la MINUSMA, au vu du fait que la Mission continue d’être l’objet d’attaques terroristes. Il a également appelé à un soutien « adéquat, durable et prévisible de la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) dont les récentes opérations ont neutralisé plusieurs terroristes ». Le RSSG avait précisé à ce sujet que la MINUSMA continuait de fournir un appui logistique à la Force conjointe du G5 Sahel et que les travaux de construction du quartier général de la Force conjointe à Bamako avaient commencé.
Le représentant de la Chine a pour sa part encouragé les parties prenantes à l’Accord de paix d’Alger à mettre « plus d’énergie » dans son implémentation. Il a par ailleurs salué le rôle crucial de la MINUSMA dans le processus de paix et a encouragé l’ONU à accorder à la Mission davantage de ressources et de soutien.
Parallèlement, la France a souligné la création de la Coalition pour le Sahel, qui a pour objectif de mieux coordonner les efforts de la lutte anti-terrorisme, renforcer les capacités nationales et soutenir le retour des institutions étatiques hors-capitale. Elle a également appelé à davantage de « soutien à la FC-G5S et a noté que le succès du plan d’adaptation de la MINUSMA dépend de l’allocation des ressources appropriées ». Et la Belgique d’ajouter : « il est certain que sans la MINUSMA, cette évolution positive n’aurait peut-être pas eu lieu ».
Toutefois, le représentant des États-Unis a noté que l’accord de paix du Mali était « loin d’être pleinement appliqué » et qu’alors que le CSNU s’approche du renouvellement du mandat de la MINUSMA (prévu pour juin 2020), il devrait notamment réfléchir aux changements qui pourraient aider la Mission à atteindre plus efficacement ses objectifs, notamment en obligeant le gouvernement et les groupes armés signataires à mettre en œuvre l’accord de paix en vue de l’éventuelle sortie de la MINUSMA : « la Mission doit déterminer ce qu’elle peut accomplir de manière réaliste face à une menace terroriste croissante, asymétrique et cinétique »
- Mali: Informal Meeting on MINUSMA via Videoconferencing, What’s in Blue, avril 2020
- Rapport du Secrétaire général sur le Mali, S/2020/223, Conseil de sécurité, mars 2020
Crédits image : UN Photo/Marco Dormino