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La réunion ministérielle du maintien de la paix à Berlin : des engagements encourageants

« Dans les zones de conflit du monde entier, les Casques bleus peuvent faire la différence entre la vie et la mort », a affirmé António Guterres, Secrétaire général des Nations unies, dans son discours d’ouverture.

À l’orée du 80e anniversaire des Nations unies et du 10e anniversaire du Sommet des dirigeants pour la préservation de la paix, la réunion ministérielle du maintien de la paix s’est tenue à Berlin le 13 et 14 mai dernier. La thématique de cette année portait sur l’avenir du maintien de la paix, les divers questionnements autour du maintien des la paix et son futur. Cette réunion a permis aux participants de réaffirmer leur soutien en prononçant leurs engagements pour l’année à venir.

Des représentants de plus de 130 pays, ainsi que des partenaires internationaux, se sont réunis avec un total de plus de 1000 participants. Cette réunion s’inscrit dans la continuité d’un cycle de réforme du secteur de la sécurité et du Nouvel agenda pour la paix. En amont de la ministérielle, une étude indépendante sur « L’avenir du maintien de la paix, nouveaux modèles et capacités connexes » a été réalisée afin d’alimenter le débat lié aux réformes structurelles des OP. Les conférences ministérielles du maintien de la paix des Nations unies ont pour but principal de s’assurer que les missions de maintien de la paix disposent des moyens nécessaires à leur réussite. Durant ce forum, organisé environ tous les deux ans, les États membres peuvent ainsi s’engager ou faire des promesses d’engagement afin de combler ces besoins auprès du Secrétariat des Nations unies (ONU).

Le Secrétaire général a noté que de nombreux pays ayant bénéficié du soutien des OP sont parvenus à une paix durable comme la Sierra Leone, El Salvador ou encore le Cambodge, soulignant l’importance des OP et leur utilité. Dans un monde en constante évolution, les OP ont l’obligation de s’adapter à de nouvelles menaces telles que la désinformation, l’usage des drones ou encore la prolifération d’engins explosifs improvisés. Le Secrétaire général des Nations unies a présenté la stratégie à adopter afin de poursuivre les réformes des opérations de paix et du Département des opérations de paix (DOP). En effet, la complexité des conflits ainsi que leur nombre ayant augmenté, les OP doivent évoluer et renforcer leur résilience et leur adaptabilité afin de mener à bien leurs mandats. M. Guterres a ainsi déterminé trois domaines prioritaires de réforme :

  • Des mandats et des opérations plus adaptés et ancrés dans les besoins réels des populations en situation de conflit, plus réalistes et atteignables, et la création d’une stratégie de retrait claire,
  • Une adaptabilité et une flexibilité accrue, dans tous les domaines, y compris l’utilisation des ressources ou encore l’adaptation face aux défis posés par le changement climatique,
  • Des contributions durables, robustes et régulières consolidées par un véritable soutien politique de la part des États membres.

L’un des exemples à suivre selon M. Guterres est la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL). Cette mission a su s’adapter à de nouvelles réalités tout en atteignant ses objectifs de maintien de la paix et d’acheminement d’aide aux civils.

Les Nations unies font face depuis plusieurs années à une crise de liquidité due en partie aux arriérés de paiements, notamment du principal contributeur : les États-Unis. Suite à l’arrivée du Président Donald Trump à la Maison blanche, le Secrétaire général se prépare à une réduction majeure de la contribution américaine au budget de l’ONU (voir notre brève dédiée à l’initiative UN80). Il devient d’autant plus crucial pour les pays membres de montrer un soutien clair à l’ONU pour garantir l’avenir de l’institution et  de ses actions. La synthèse du DOP, intitulée « Besoins actuels et émergents des capacités en uniforme pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU », a permis de lister les besoins critiques de l’ONU en amont de la ministérielle, permettant aux États d’y répondre concrètement (voir le résumé dans notre lettre d’information d’avril).

De nombreux membres ont clairement exprimé lors de cette rencontre leur soutien aux valeurs et aux actions de l’ONU, contribuant à sa pérennité. M. Pistorius, ministre allemand de la défense, a déclaré dans son discours d’ouverture de la conférence « Nous sommes convaincus que le maintien de la paix des Nations unies reste l’un des instruments les plus reconnus, les plus efficaces et les plus rentables de la gestion internationale des crises. C’est du multilatéralisme mis en pratique. C’est un partage actif du fardeau ».

Plusieurs pays contributeurs francophones ont renouvelé leur soutien à cet outil à travers de nouveaux engagements. Le Canada par exemple, s’est engagé à renforcer la protection des civils, développer les capacités stratégiques tout en faisant progresser le Programme Femmes, Paix et Sécurité (WPS) et la livraison d’un moyen transport aérien tactique à l’appui des opérations de paix. Le Sénégal s’est aussi engagé à accueillir et produire des formations francophones et des cours portant sur diverses thématiques dont la protection des civils ou des cours à destination des militaires sur le genre. La Suisse a promis de dispenser une multitude de cours portant sur de nombreux sujets dont les formations préalable au déploiement, le droit humanitaire international, le désarmement démobilisation et réintégration (DDR) ou encore des formations lié a la réduction de la violence au sein des communautés.

Ainsi, 74 pays ont établi des engagements spécifiques concernant différents domaines essentiels, dont la formation, le support stratégique ou encore le déploiement de personnel :

  • 53 contributions pour le renforcement des capacités militaires et de police, y compris les capacités de transport aérien et de déploiement rapide,
  • 59 contributions pour des formations spécialisées (renseignement, protection des civils, la prévention des abus sexuels, etc.),
  • 18 contributions pour les améliorations technologiques,
  • 38 contributions pour la promotion de l’agenda « Femmes, paix et sécurité »,
  • 16 contributions pour la sécurité et la protection des Casques bleus.

António Guterres a tenu à rappeler l’importance de la volonté politique qui peut parfois faire défaut dans un contexte de lassitude politique et de fatigue, soulignant la nécessité d’une mobilisation importante pour permettre la durabilité de l’institution et d’une coopération accrue entre les États.

Vous pouvez retrouver l’ensemble des échanges filmés de cette rencontre sur le site officiel des Nations unies.

Rédaction : Chloé Bemba, assistante de recherche au GRIP et à l’OBG. 

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