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Séminaire de l’OBG à Accra au Ghana – Intégrer les enjeux environnementaux dans les opérations de maintien de la paix. Anticiper les crises, freiner les émissions et planifier de manière durable – 26 juin 2025

Le GRIP, pilote de l’Observatoire Boutros-Ghali du maintien de la paix, a organisé le 26 juin 2025 une journée de séminaire en présentiel, portant sur le thème « Intégrer les enjeux environnementaux dans les opérations de maintien de la paix. Anticiper les crises, freiner les émissions et planifier de manière durable ».  

Cet évènement s’est inscrit dans la continuité des travaux et intérêts de l’Observatoire pour les questions environnementales. En effet, en janvier 2025,  Anne Xuan Nguyen chargée de recherche au GRIP et à l’OBG, a publié une note intitulée « Les défis d’une approche sensible à l’environnement dans le maintien de la paix », qui a permis de servir de base à l’élaboration du synopsis et du programme du séminaire. Cet enjeu avait également fait l’objet d’une note lors du premier mandat du projet, rédigée par Claire Kupper et intitulée : « Vers une gestion responsable de l’environnement dans les opérations de paix », qui date de mars 2018. La note d’Anne Xuan Nguyen a notamment permis d’identifier plusieurs personnes susceptibles d’intervenir lors du séminaire.

Le séminaire du 26 juin entendait nourrir la réflexion sur les défis liés à l’intégration des enjeux environnementaux dans les OP afin d’identifier les synergies et des solutions pour assurer la résilience environnementale des missions actuelles et futures.

Cette journée a été organisée dans le cadre du partenariat de longue date avec la Direction Générale des Relations Internationales et de la Stratégie (DGRIS) du ministère des Armées français, partenaire fondateur de l’Observatoire, et avec le soutien du Centre international Kofi Annan de formation au maintien de la paix (KAIPTC), membre du REFFOP, projet également piloté par le GRIP. 

Le séminaire a été filmé et la captation vidéo sera bientôt disponible sur cette page. 

Consulter le synopsis et le programme final (FR)

Read the concept note and program (ENG)

Les discussions étaient structurées comme telles :

  • Un premier panel s’est concentré sur les conséquences du dérèglement climatique sur les théâtres de déploiement des OP
  • Un second panel a abordé les différents enjeux et leviers d’action à disposition des acteurs impliqués pour intégrer les enjeux environnementaux dans le maintien de la paix
  • Une intervention liminaire a permis d’aborder le cas de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS), et la façon dont cette dernière intègre les normes et enjeux environnementaux, en tant que mission pionnière en la matière
  • Une table ronde pour conclure la journée, afin de mettre en lumière des bonnes pratiques et initiatives qui permettent une meilleure intégration des questions environnementales dans les opérations de paix.
Plusieurs constats notables sont ressortis des discussions du séminaire :
  • L’importance de ne pas travailler en silo et de renforcer les partenariats à différents niveaux, parce que le dérèglement climatique doit être compris comme étant « l’affaire de tous » ;
  • Il faut une approche holistique de l’intégration des enjeux environnementaux dans le maintien de la paix, et agir à tous les niveaux ;
  • Un leadership clair et affirmé est nécessaire pour avoir des résultats concrets à différents niveaux ;
  • La notion de « positive legacy » doit guider l’action des missions sur le terrain, notamment mais pas seulement dans les période de transition ;
  • Il faut inclure au mieux les communautés locales et se baser sur leur expertise ;
  • La formation du personnel déployé et du personnel au siège sur les questions environnementales est essentielle ;
  • Les questions climatiques dans le maintien de la paix sont de plus en plus abordées et intégrées à différents niveaux mais se retrouvent trop souvent délaissées ou incluses de façon marginale, notamment pour laisser la priorité à des enjeux seulement sécuritaires ;
  • Il est nécessaire d’appréhender l’intégration des enjeux environnementaux plus seulement comme une contrainte imposée de l’extérieur mais comme un élément fondateur pour améliorer l’efficacité opérationnelle, la performance des missions et la sécurité du personnel déployé ;
  • Il faut systématiser la présence de personnel dédié aux enjeux environnementaux à tous les niveaux décisionnels, tant que siège que sur le terrain, avant, pendant et après le déploiement.

Les différents partenaires de cet évènement ont initié la journée par quelques mots introductifs. D’abord, l’Air Commodore David Anetey Akrong, Commandant par intérim du KAIPTC a introduit le Centre et l’événement. Ensuite, Clémence Buchet-Couzy, chargée de recherche de l’OBG a présenté les thématiques ainsi que le programme de la journée.

Panel 1 : Les impacts du changement climatique sur le déploiement des opérations de paix

Ce premier panel a réuni quatre intervenant·e·s, et a été modéré par Keryan Wurlod, spécialiste de programme maintien de la paix à l’OIF.

Crédit photo : OBG

Ce panel s’est ouvert avec l’intervention du Colonel Michel Yao Borbi, des forces armées du Ghana, et portait sur la MINUSS, où les troupes ghanéennes sont en majorité déployées. Selon le colonel, il est important de non seulement identifier les problèmes générés par le dérèglement climatique mais aussi créer des solutions permettant d’être plus résilient et efficace dans un futur proche. En effet, si le changement climatique ne provoque pas automatiquement des conflits, il fonctionne comme un multiplicateur de risques. Au Soudan du Sud, la hausse des températures, les sécheresses et les inondations intensifient la compétition pour des terres fertiles et en hauteur, exacerbant les tensions entre les populations pastorales et les agriculteurs. Les opérations des Nations unies s’efforcent ainsi d’atténuer les conséquences du dérèglement climatique et d’apaiser les tensions tout en assurant la gestion des ressources. Pour le Colonel Michel Yao Borbi, intégrer la dimension climatique dans les OP passe notamment par des analyses des risques climatiques et une réduction active de l’empreinte écologique des missions. Il a mis en avant 3 piliers essentiels pour mieux résister au changement climatique : la formation sur la sécurité climatique, la construction d’infrastructures durables et l’importance d’accroitre l’appropriation locale.

Le Lieutenant-Colonel Kamagate Harouna, de l’État-Major Général des Armées de la Côte d’Ivoire a centré son intervention sur la façon dont la Côte d’Ivoire fait face au changement climatique sur son territoire et dans le cadre du déploiement des troupes ivoiriennes à la MINUSCA. Le dérèglement climatique crée des obstacles pouvant compromettre les missions sur le terrain. Cela nécessite donc un travail d’anticipation se reposant sur le contexte climatique de la zone, une adaptation des moyens mis en œuvre à la situation, et des formations adéquates pour augmenter les capacités du personnel sur le terrain. Six piliers de l’action de la Côte d’Ivoire ont été mis en avant : le renforcement et l’adaptation des infrastructures ; intégration de modules de formation sur le climat dans les programmes de formation des troupes ; collaboration régionale et internationale ; surveillance et gestion des ressources; interventions d’urgence ; réduction de l’empreinte carbone. Il a également présenté des pistes pour accroître l’efficacité et la résilience des troupes : une meilleure prise en charge des déchets et leur recyclage quand cela est possible, la collecte des huiles et lubrifiants usagés pour protéger les nappes phréatiques, et le rationnement de l’eau en période de crise hydrique.

Présentation Power-Point du Lieutenant-Colonel Kamagate

Ensuite, Ratia Tekenet, experte sécurité et climat à la MINUSS, a présenté la réponse de la mission aux contraintes climatiques. Elle a commencé par évoquer les réalités climatiques du Soudan du Sud particulièrement vulnérable au dérèglement climatique qui s’ajoute aux impacts du conflit sur les populations. Elle a ensuite souligné que la mise en œuvre du mandat et des missions du personnel déployé peut être entravée par les effets du climat. Ces défis limitent la capacité des troupes à protéger les populations, à proposer de l’aide humanitaire et à se légitimer auprès des populations. L’équipe Climat, Paix et Sécurité (CPS) de la MINUSS permet d’augmenter la compréhension des enjeux climatiques au sein de la mission par la récolte de données, la création de systèmes d’alerte, des formations et des partenariats stratégiques à l’échelle locale et onusienne.  Mais pour répondre efficacement aux défis environnementaux sur le terrain, il est crucial d’institutionnaliser l’équipe CPS et d’intégrer le climat dans les mandats. La résolution 2779 (mai 2025) renouvelant la mission MINUSS prend en compte les changements et la nécessité de s’adapter en incorporant une équipe qui s’occupe de l’aspect environnemental.

Présentation Power-Point de Ratia Tekenet (en anglais). 

Crédit photo : OBG.

Concluant le premier panel, Mathilde Jourde, de l’Observatoire Défense et Climat (IRIS), s’est interrogée sur les divers impacts des crises environnementales sur le terrain des OP et les conséquences pour la population locale. En effet, elle a souligné que les missions de maintien de la paix se trouvent en majorité en Afrique et dans le bassin oriental méditerranéen, des régions particulièrement vulnérables au dérèglement climatique. Elle a différencié deux types de risque : ceux court termes avec des catastrophes naturelles de plus en plus présentes, et ceux plus long termes avec une hausse du niveau des mers, la désertification,… Les implications logistiques sont importantes à ce titre, avec un besoin plus important en eau, des coups de chaleur qui augmentent avec les UV. Les effets sur les civils varient en fonction de facteurs économiques, sociaux et culturels. Ils font ainsi face à des risques directs et indirects tels que les baisses de rendement agricoles qui exacerbent ainsi la pauvreté et les prix des denrées alimentaires. Il existe aussi des risques sanitaires et politiques.

Panel 2 : L’intégration des enjeux environnementaux : de la planification des mandats à la mise en œuvre opérationnelle

Modéré par Antoine Younsi, chercheur au GRIP et à l’OBG, ce deuxième panel a réuni trois intervenant·e·s.

Crédit photo : OBG.

Lies Vanslembrouck, du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), est intervenue la première. Sa présentation s’est concentrée d’abord sur l’enjeu de l’élaboration des mandats et l’évolution de l’intégration des enjeux environnementaux à ce niveau. De plus en plus de décisions du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) mentionnent les enjeux climat, paix et sécurité (CPS), avec toutefois quelques défis, comme le refus en 2021 d’une résolution sur l’intégration systémique des risques climatiques dans les travaux du CSNU. Cette volonté d’intégration se traduit tant au niveau politique que stratégique, avec par exemple une prise en compte des risques climatiques dans les analyses de conflit et stratégies de sortie de crise. Pour la mise en œuvre opérationnelle sur le terrain, plusieurs éléments sont à valoriser, comme l’importance de la formation ciblée du personnel déployé et la coordination inter-agence, notamment dans le cadre du Mécanisme de sécurité climatique (Climate Security Mechanism – CSM). Elle a souligné l’important rôle que doivent jouer les pays contributeurs de troupes (PCT) qui peuvent mettre en place des formations, une logistique plus durable ainsi qu’utiliser des équipements plus respectueux de l’environnement. Elle a toutefois évoqué de nombreux défis structurels et culturels qui persistent notamment la résistance institutionnelle, la non priorisation des enjeux environnementaux mais aussi l’inertie organisationnelle. Ses recommandations pour la suite incluent par exemple des mandats plus flexibles, des systèmes d’alerte précoce et une institutionnalisation de l’approche environnementale dans les OP.

Présentation Power-Point de Lies Vanslembrouck

Ensuite, Hugues Martial Penda Ngbemboua, de la MISAHEL a présenté l’intégration des enjeux environnementaux dans les mandats des missions de paix de l’Union africaine (UA), en prenant la MISAHEL pour exemple. Il explique que cette intégration est complexifiée par la structure interne de l’UA : les missions dépendent du Conseil de paix et sécurité alors que les questions environnementales sont traitées par le département Agriculture, développement rural, économie bleue et environnement durable. Ainsi, la structure interne de l’UA ne permet pas d’intégrer les questions environnementales aux missions de paix de manière optimale. Par exemple, il n’y a pas de spécialistes des questions climatiques au sein des missions de l’UA, elles n’ont donc pas les ressources ni les connaissances pour aborder ces questions efficacement, qui ne sont abordées qu’à travers les piliers droits de l’Homme et développement. Selon lui, ce processus d’intégration se fait lentement et est encore incomplet. Les missions de l’UA doivent s’améliorer notamment en réduisant plus les émissions et déchets des campements surtout lorsque ces derniers peuvent affecter les communautés locales. Il conclut son état des lieux en recommandant à l’UA d’intégrer des indicateurs climatiques au système d’alerte rapide, de soutenir la création de postes de conseillers environnementaux et de développer la diplomatie environnementale.

Crédit photo : OBG.

Enfin, Julie Bonneau-Dorin, de la DGRIS, a conclu ce panel en présentant les différentes démarches effectuées par le ministère des Armées français pour adapter l’appareil militaire aux effets du changement climatique et améliorer l’efficacité des armées sur le plan environnemental. Elle a exposé les motivations du Ministère à s’adapter aux contraintes climatiques : l’environnement étant un facteur limitant, l’adaptation permet d’anticiper le surcoût de l’obsolescence des technologies et des pratiques et permet une opérationnalité plus pérenne. Elle résume cette démarche avec la formule : « comprendre, anticiper et adapter ». De plus, l’État-major des armées pilote un audit de 90 sites militaires en métropole afin d’évaluer les coûts et les ressources humaines d’ici la fin 2025. Les départements et territoires d’outre-mer sont particulièrement affectés par des phénomènes météorologiques extrêmes, ce qui a amené à la création de régiments spécialisés en matière de catastrophes naturelles. Ces efforts fonctionnent en inter-service, interministériel et international (coopération dans les secours d’urgence, inclusion de la réponse catastrophe climatique dans les accords de défense).

Stratégie Climat et Défense du Ministère des Armées français. 

Intervention liminaire : La MINUSS et l’intégration des enjeux environnementaux – Bonnes pratiques et leçons apprises d’une mission de maintien de la paix pionnière

L’intervention liminaire de ce séminaire a été assurée par Hiroko Hirahara, Directrice de la Division Affaires civiles de la MINUSS, accompagnée de Shazneen Cyrus Gazdar, Cheffe sécurité et santé de l’environnement et du travail au sein de la Section des affaires, de l’analyse et de la conformité de la MINUSS. Thierry Tremblay, Chargé de programme Environnement, Département de l’Appui opérationnel (DAO) a assuré le rôle de répondant. La modération a été assurée par Clémence Buchet-Couzy, chercheuse au GRIP-OBG.

Crédit photo : OBG.

Hiroko Hirahara a présenté l’intégration des questions environnementales au sein de la MINUSS et ce que cela implique en termes de mise en œuvre opérationnelle. Selon elle, il est impératif de s’adapter aux nouvelles réalités environnementales afin de sortir du cycle de la violence. Des initiatives ont été mises en place pour réduire l’empreinte de la mission notamment en matière d’énergie, de gestion des déchets et de l’eau. Elle a souligné le fait qu’une mauvaise gestion des déchets et de l’eau pouvait avoir un impact important sur la population locale et qu’il faut renforcer la responsabilité de la mission.  Il y a ainsi une volonté de laisser un héritage positif en termes d’infrastructure et d’impact écologique : le but est de retourner à une situation apaisée et de laisser des infrastructures pouvant bénéficier aux populations après le départ de la mission.

Ensuite, afin de compléter cette présentation, Shazneen Cyrus Gazdar, a pris le relais, soulignant que les OP sont régulièrement menées dans des environnements fragiles au sein de communautés vulnérables. Pour répondre à ces conditions de manière optimale, la MINUSS est en dialogue avec différentes ONG, départements de l’ONU, et partenaires locaux. La mission conduit des évaluations environnementales pour réduire son empreinte et a déjà lancé plusieurs projets : contrôle de la pollution plastique et des eaux usées à Djouba ou encore augmentation du pourcentage d’énergies renouvelables utilisées. De plus, les serveurs de la mission fonctionnent à l’énergie solaire en moyenne quatorze heures par jour et dix sites de gestion de déchets ont été ouverts. Ainsi, deux fois par an, des données sont collectées pour analyser la quantité de déchets et leurs empreintes carbones et trouver des points d’amélioration.

Enfin, Thierry Tremblay a servi de répondant à cette double présentation en apportant le point de vue du siège des Nations unies. Il est au sein du DAO la personne contact de la MINUSS en termes d’accompagnement pour la mise en œuvre des politiques environnementales de l’ONU sur le terrain. Il a souligné l’importance d’un leadership fort sur ces questions, et ce particulièrement en ce qui concerne la composante militaire de la mission. L’importance de former et/ou a minima de briefer le personnel déployé sur ces questions, a également été soulignée comme un facteur de succès. Le rôle clé des États membres ainsi que des PCT a été mis en avant, leur soutien sur ces enjeux étant essentiel pour voir des résultats positifs sur le terrain, il a notamment cité le groupe des Amis « Climat et Sécurité ».

Table ronde : Outils, bonnes pratiques et synergies pour des OP écoresponsables et résilientes face au changement climatique

Cette table-ronde a permis de conclure la journée de réflexion avec la mise en avant de mesures concrètes pour mieux intégrer les enjeux environnementaux dans les OP. Elle a réuni cinq intervenant·e·s et a été modérée par Clémence Buchet-Couzy, chercheuse au GRIP-OBG.

Crédit photo : OBG.

Le Commandant Arthur Elli Bekale, de l’École d’État-Major de Libreville (EEML), est intervenu pour parler de la formation en français développée par le Centre international du Caire pour la résolution des conflits, le maintien et la consolidation de la paix (CCCPA) intitulée « Le climat, la paix et la sécurité dans le cadre des opérations de paix des Nations unies menées sur le continent africain » qui a eu lieu pour la première fois en mars 2024 à destination des PCT francophones, et à laquelle il a pu participer. Le Commandant Bekale a commencé par présenter son établissement, issu de la coopération entre le Gabon et la France. Dans ce cadre il a aussi décrit les différents partenariats de l’école notamment avec l’APERN et avec l’école nationale des eaux et forêts. Il a également mentionné les différentes formations proposées à destination des officiers. Il a ensuite parlé de la formation reçue au Caire en 2024, en expliquant qu’avant cela, les formations de l’EEML n’intégraient pas les enjeux climatiques, mais que d’importants efforts ont été faits depuis.

Présentation Power-Point du Commandant Bekale. 

Le Chef de bataillon Stéphane Rocher, de l’Académie Gabonaise de protection de l’environnement et des ressources naturelles (APERN) a ensuite pris la parole afin de présenter une série de formations sensibles à l’environnement proposées par l’APERN. Il a également abordé les enjeux environnementaux spécifiques au bassin du Congo, territoire mal administré selon lui qui crée des convoitises et des contestations à la souveraineté. Dans ce cadre, les cas de pillage, orpaillage, braconnage, pollution, piraterie et pêche illégale deviennent ainsi des problématiques importantes. L’APERN fait partie de la réponse nationale aux menaces qui pèsent sur l’environnement et à la criminalité environnementale. Il a notamment souligné l’importance d’avoir une approche multidimensionnelle, interministérielle et internationale.

Présentation Power-Point du Chef de Bataillon Rocher. 

Ce fut ensuite le tour de Maha Skah, de la Division des Politiques et de la Médiation, Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA), qui a pu décrire en détails le Mécanisme de sécurité climatique (CSM), initiative multi agence de l’ONU, qui réunit le DPPA, le DOP, le PNUE et UNOP et qui permet de mettre les ressources et l’expertise de l’ONU à profit. Il a pour objectif de renforcer la capacité de l’ONU et de ses partenaires à analyser le lien entre conflit et changement climatique. Chaque acteur vient avec son expertise, son réseau et son domaine de spécialité. Le CSM fournit des conseils techniques et un soutien personnalisé aux missions de terrain et aux équipes pays des Nations unies, aux organisations régionales et à d’autres partenaires pour renforcer l’analyse, la réduction et la gestion des risques pour la paix et la sécurité liés au climat. Maha Skah a aussi présenté différents outils mis en place par le CSM, notamment la boîte à outils du CSM qui date de 2020 et qui a été traduite en français.

Ressources utiles du CSM :

Thierry Tremblay, est intervenu de nouveau, afin d’évoquer la transition vers des énergies renouvelables sur le terrain des missions de l’ONU, notamment au sein de la MINUSCA. L’accès à l’électricité et la dépendance aux énergies fossiles sont devenus un axe de travail majeur de la mission. La Centrafrique étant un des États les moins électrifiés dans le monde, ce contexte particulier engendre un besoin pressant de transitionner vers des énergies renouvelables sur le long terme, pour garantir une plus grande indépendance énergétique de la mission. En effet, certains évènements tels que des inondations, peuvent empêcher la livraison de fuel, ce qui pose un problème pour l’autonomie des missions. En RCA, la MINUSCA génère 90% de son électricité par des groupes électrogènes, les énergies renouvelables représentent seulement 10% de l’électricité consommée. Cette dépendance au diesel entrave également la mobilité de la mission, en particulier dans les zones reculées. Une transition vers des énergies renouvelables non seulement de protéger l’environnement mais également d’améliorer la performance de la mission et de renforcer la sécurité des casques bleus.

Crédit photo : OBG.

Enfin, Sahon Flan, Cheffe de l’Unité Environnement de la MINUSCA,  a conclu ce panel. Son intervention s’est concentrée sur les différentes initiatives mises en œuvre par la MINUSCA pour intégrer au mieux les questions environnementales afin de réduire au maximum son empreinte. En effet, en vertu de la résolution 2759 §51 (2024), le mandat de la MINUSCA met l’accent sur une bonne gestion des ressources et les effets positifs légués par la Mission, et donne pour objectif une utilisation accrue des énergies renouvelables dans les missions afin de renforcer la sûreté et la sécurité, de réaliser des économies et des gains d’efficacité. Parmi les mesures mises en place, le programme de gestion des déchets 2023-2028 a pour objectif la réduction des déchets et des risques de contamination, ainsi que l’implémentation de sources d’énergie renouvelable (notamment des panneaux solaires) pour alimenter les bases.

Clémence Buchet-Couzy, chercheuse au GRIP à l’Observatoire Boutros-Ghali, a proposé pour clôturer cette journée un résumé des échanges et quelques pistes de réflexion transversale.  

Le séminaire a été filmé et la captation vidéo sera bientôt disponible sur cette page. 

Crédit photo : OBG.
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