Le 17 novembre, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 2803 (S/RES/2803), autorisant la création d’une force internationale de stabilisation (FIS) dans la bande de Gaza, ravagée par deux ans de conflit entre Israël et le Hamas. Pour le Secrétaire général António Guterres, ce vote constitue une « étape importante », mais il a insisté sur la nécessité de « traduire l’élan diplomatique en mesures concrètes sur le terrain ».
Le vote de cette résolution consacre le plan d’ensemble proposé par le Président Donald Trump, visant à mettre fin au conflit à Gaza et à instaurer des conditions de reconstruction et de gouvernance stables. Elle demande à toutes les parties de le mettre en œuvre intégralement, en particulier de respecter le cessez-le-feu « de bonne foi et sans délai ». Ce plan prévoit plusieurs mesures clés, parmi lesquelles la création d’un Conseil de paix chargé de coordonner la reconstruction, l’élaboration et la mise en œuvre d’une FIS, ainsi que la reprise totale de l’aide humanitaire vers la bande de Gaza.
Le texte américain a été adopté par 13 voix pour et 2 abstentions (celles de la Chine et de la Russie). Le représentant russe a critiqué l’adoption d’« une initiative américaine sans en connaître les modalités », soulignant l’absence de clarifications sur le calendrier de transfert de Gaza à l’Autorité palestinienne et sur le fonctionnement du Conseil de paix et de la FIS. Moscou a toutefois renoncé à présenter un projet concurrent, constatant le soutien de Ramallah et de plusieurs États arabo-musulmans au texte présenté. Le représentant chinois a également déploré le manque de détails, notamment concernant la composition du Conseil de paix.
Contrairement aux versions précédentes, le texte fait une référence vague à un futur État palestinien, évoquant « un chemin crédible vers l’autodétermination palestinienne » et appelant à « un dialogue entre Israël et les Palestiniens pour un horizon de coexistence pacifique ». Cette mention, bien que floue et projetée dans un avenir lointain, suscite l’opposition d’Israël.
La résolution prévoit que le Conseil de paix supervise le déploiement de la FIS et assure une gouvernance transitoire à Gaza jusqu’à ce que l’Autorité palestinienne ait achevé ses réformes et soit en mesure d’exercer pleinement ses fonctions, et ce au plus tard le 31 décembre 2027. Selon le plan en vingt points annexé à la résolution, le Conseil doit être dirigé et présidé par Donald Trump, constituant ainsi une administration transitoire chargée de la reconstruction et de la préparation du transfert ordonné de l’autorité au gouvernement palestinien.
Validée par l’ONU et inspirée du plan Trump, la FIS reçoit un mandat clair : sécuriser les frontières avec Israël et l’Égypte, démilitariser Gaza, désarmer les groupes armés, protéger les civils et former une police palestinienne. Autant d’évolutions majeures, portées par un engagement international censé garantir leur mise en œuvre, destinées à tenter d’aplanir le conflit entre Israël et Gaza : permettre un cessez-le-feu à Gaza, répondre aux préoccupations sécuritaires d’Israël et offrir une perspective de paix durable.
Aucun calendrier n’est cependant précisé pour le retrait israélien, ce qui constitue l’un des principaux angles morts du texte. Sa composition n’a pas été arrêtée, mais cette force pourrait compter entre 20 000 et 30 000 hommes provenant notamment d’Égypte, d’Indonésie, d’Azerbaïdjan ou du Pakistan. La participation de la Turquie, bien que volontaire, est rejetée par Israël en raison de ses liens avec le Hamas.
De plus, la résolution confère bien à la FIS un cadre juridique international, jugé indispensable par les États contributeurs et les donateurs, mais ne prévoit pas de mission de maintien de la paix de l’ONU, ce que Guterres avait estimé problématique, soulignant l’importance d’un mandat onusien pour toute entité créée à Gaza.
Un tel vote pourrait marquer une transition significative, passant d’un conflit actif à une phase de stabilisation et de reconstruction. La FIS vise à combiner garanties de sécurité et réformes de gouvernance, tout en posant potentiellement un nouveau modèle d’intervention internationale. Elle doit notamment soutenir le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre et prévenir tout vide politique que le Hamas pourrait exploiter, ce dernier dénonçant ce dispositif comme un « mécanisme de tutelle internationale sur Gaza ».
Placée sous un commandement unifié, la FIS sera déployée en coopération étroite avec l’Égypte et Israël, avec pour missions principales de stabiliser le territoire et d’assurer le respect du droit international. Elle devra sécuriser les frontières, démilitariser Gaza, désarmer les groupes armés non étatiques, protéger les civils et former une police palestinienne.
En résumé, la résolution 2803 combine un cadre juridique, une force internationale ambitieuse et une administration transitoire pour Gaza, ouvrant la voie à une phase de reconstruction et à un possible nouveau modèle d’intervention internationale. Son succès dépendra toutefois de la mise en œuvre effective sur le terrain et de la capacité des acteurs régionaux à coopérer pour garantir la stabilité et préparer l’avenir politique du territoire.
Rédaction : Alexis CUDEY, assistant de recherche au GRIP et à l’Observatoire Boutros-Ghali (OBG)
