Des drones aériens, c’est-à-dire des aéronefs n’emportant pas d’équipage, ont été déployés dans le cadre des OP de l’ONU depuis une vingtaine d’années, principalement pour des missions d’observation aérienne contribuant à la sécurité des Casques bleus. L’objectif de cette note est de revenir sur les enjeux du déploiement de drones aériens au service du maintien de la paix et les leçons que l’on peut déjà tirer des premières réflexions et expériences de l’ONU à ce sujet.
Les drones ont pu être progressivement intégrés aux outils des OP grâce à un contexte favorable à la fois au développement du renseignement et au déploiement de nouvelles technologies au service du maintien de la paix. Les premiers déploiements de drones au sein de la MONUSCO à partir de 2013, jugés concluants, ouvrent la voie à un usage de plus en plus fréquent de ces systèmes. Le déploiement de drones dans les OP fait pourtant face à des problèmes logistiques, politiques et opérationnels.
Plusieurs conditions logistiques et politiques doivent être réunies pour que les drones puissent apporter leurs atouts en matière d’acquisition du renseignement aux OP. Cette note revient sur trois enjeux centraux à cet égard : trouver des unités de drones disponibles pour les OP au sein des forces armées des PCT ; rassurer certains pays contributeurs de troupes traditionnels qui craignent que ces technologies ne viennent remplacer les nombreux bataillons d’infanterie qu’ils fournissent aux OP ; gérer la relation avec certains États hôtes qui peuvent redouter que l’ONU ou ses PCT n’utilisent ces moyens pour se livrer à des activités d’espionnage sur leur territoire.
Si les avantages opérationnels des drones pour l’acquisition du renseignement sont indéniables, leur utilité reste aussi tributaire de capacités d’analyse et de diffusion du renseignement qui font défaut aux OP. Sans celles-ci, les drones ne peuvent pas faire bénéficier les OP de leur plein potentiel. Les drones peuvent être un « multiplicateur de force » qui aide les Casques bleus à savoir où et quand intervenir pour mieux protéger les populations civiles, mais cela dépend aussi de leur volonté d’intervenir et d’échapper à une forme de « bunkerisation »
Samuel Longuet est chargé de recherche au GRIP depuis septembre 2022. Il est titulaire d’un master en politique internationale de l’Institut d’études politiques de Bordeaux, d’un master complémentaire en droit international public et d’un doctorat en sciences politiques et sociales de l’Université libre de Bruxelles (ULB). Il est collaborateur scientifique au centre REPI (Recherche et études en politique internationale) de la Faculté de philosophie et sciences sociales de l’ULB.