Allen Nate, Mazurova Nicole., « Le partenariat entre l’Union africaine et les Nations unies est essentiel pour l’avenir des opérations de paix en Afrique », Centre d’études stratégique de l’Afrique, 21 mai 2024.

Dans cet article du Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA), Nate Allen et Nicole Mazurova, tous deux chercheurs au CESA, expliquent l’importance de la résolution 2719 (2023) du Conseil de sécurité des Nations unies qui fournit un cadre permettant aux opérations de paix dirigées par l’Union africaine (UA) d’accéder au financement des Nations unies par le biais de contributions statutaires.

Les auteurs argumentent que la résolution 2719 arrive à un moment de changement et d’incertitude pour les opérations de paix en Afrique. En effet, la persistance des conflits armés a contribué à un sentiment croissant de désillusion à l’égard des opérations de paix multilatérales. Ces frustrations sont en partie dues à un décalage entre les attentes et les apports réels des opérations de paix dans la gestion des conflits. Selon les auteurs, ce décalage reflète la nécessité d’apporter de meilleures réponses collectives aux défis sécuritaires en Afrique.

 Les auteurs appellent également à la prudence dans l’application de la résolution. Ils identifient notamment quatre critères comme point de départ pour réfléchir aux conditions de déploiement d’une opération de paix et à la manière d’élaborer un mandat afin de maximiser les chances de succès de l’opération. Ces critères sont : 1) le consentement du gouvernement hôte, 2) les processus politiques à mettre en œuvre (accord de paix, transition démocratique, etc. ), 3) le consensus régional et 4) le soutien populaire. La présence limitée d’un critère ne devrait pas nécessairement disqualifier le déploiement d’une opération de paix, mais il convient toutefois de l’identifier comme un défi potentiel et de le relever de manière proactive.

Aussi, les auteurs énoncent les enseignements à tirer des précédentes collaborations entre l’ONU et l’UA. Selon les auteurs il faudrait accepter les spécificités des deux organisations pour renforcer les avantages comparatifs de chacune des parties. Notamment, L’ONU dispose d’un avantage certain dans la fourniture d’un soutien logistique et de capacités d’habilitation tandis que l’UA devrait fournir la plupart des troupes et pourrait être la mieux placée pour prendre la tête des négociations politiques.

Les auteurs concluent en soulignant l’importance de dépasser le paradigme militaro-centré qui a motivé de nombreuses opérations de paix en Afrique ces dernières années. Selon les auteurs, les opérations de paix devraient se concentrer sur ce qu’elles font historiquement le mieux : favoriser les cessez-le-feu, les règlements politiques et les accords de paix, et servir de porte-parole et d’intermédiaire entre les acteurs militaires et civils en temps de guerre.