Le 22 mars 2021, après de longues et exténuantes négociations, l’Union européenne (UE) a finalement réussi à adopter la nouvelle Facilité européenne pour la paix (FEP). La FEP est l’outil à travers lequel l’Union compte financer, dans les années à venir, les activités militaires à caractère opérationnel qu’elle pourrait entreprendre directement ou qu’elle pourrait soutenir indirectement. Cet instrument aura donc un rôle central dans la définition de la politique sécuritaire de l’UE hors de ses frontières.
La Facilité doit en particulier étendre les pouvoirs de l’UE en matière d’assistance militaire aux pays tiers. Les nouveautés qu’elle a introduite à ce sujet, et les intenses discussions qu’elles ont suscitées en Europe, ont déjà été décrites dans une précédente étude, L’assistance militaire de l’UE à l’aune de la nouvelle Facilité européenne pour la paix, publiée en janvier 2021 par l’Observatoire Boutros-Ghali, en collaboration avec le bureau d’Abidjan de la Fondation Konrad Adenauer.
La présente analyse vise cette fois-ci à changer de perspective : son but est d’examiner la façon dont les nouveaux termes de la coopération militaire UE-Afrique sont accueillis par les potentiels pays récipiendaires de l’aide européenne, et plus spécifiquement en Afrique francophone. Sans avoir la prétention d’être exhaustive, cette note décrit la première salve de réactions africaines francophones au sujet des changements de paradigme introduits par la FEP.
La nouvelle Facilité européenne pour la paix : réactions africaines
Federico Santopinto est directeur de recherche à l’IRIS, spécialisé dans l’intégration européenne en matière de défense et de politique étrangère, ainsi que dans la coopération militaire et sécuritaire entre l’Union européenne (UE) et l’Afrique. À ce titre, il suit également les politiques de coopération au développement de l’UE utilisées comme outil de prévention et de gestion des conflits.
Diplômé de l’Université de Florence en Sciences politiques (option internationale), Federico Santopinto a également obtenu un master en Politique internationale à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Il a ensuite exercé, pendant plus de dix ans, l’activité d’observateur électoral de long terme pour l’UE, principalement dans des pays post-conflit en Afrique. Il a parallèlement intégré le GRIP (Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité), un institut de recherche spécialisé dans la maîtrise des armements, où il a longtemps travaillé tant sur l’Europe que sur le maintien de la paix onusien. Il a notamment assuré dans ce cadre la gestion de l’Observatoire Boutros-Ghali du maintien de la paix (OBG). Federico Santopinto travaille également occasionnellement pour l’ULB en qualité d’expert associé.