Les Opérations de paix multilatérales sont de plus en plus souvent confrontées à une série de problèmes de sécurité relativement nouveaux. Ces problèmes dépendent à la fois les uns des autres et se renforcent mutuellement. Ils ne s’arrêtent pas aux frontières. Leurs causes comme leurs conséquences se répercutent sur l’ensemble des programmes internationaux de sécurité, de consolidation de la paix et de développement. Deux des exemples les plus frappants de ces défis de sécurité non traditionnels sont la migration irrégulière et la traite des personnes…
Plusieurs Opérations de paix se sont notamment retrouvées à devoir protéger des personnes déplacées (à l’intérieur d’un pays – PDI), rapatrier des réfugiés et combattre des trafiquants d’êtres humains. Il existe des définitions claires et largement acceptées de la migration, des réfugiés, des personnes déplacées et de la traite des personnes. En revanche, la migration irrégulière n’a jamais été définie de façon universelle. De plus, les termes couramment utilisés dans les débats au niveau national – « irrégulier », « illégal », « sans papiers », « dépourvu de document » et « non autorisé » – ont chacun une connotation différente. Et, en dépit des définitions claires des termes « réfugiés » et « PDI » (termes humanitaires définis par les conventions internationales) ainsi que de la « migration irrégulière » et de la « traite des personnes » (termes légaux qui criminalisent certains migrants), il est parfois difficile dans la pratique de distinguer qui s’intègre dans quelle catégorie…
- Ce texte est la version française de la publication originale « Multilateral peace operations and the challenges of irregular migration and human trafficking » (Dr Jaïr van der Lijn), publiée en juin 2019 par le SIPRI
- Sa traduction a été réalisée par Danièle Fayer-Stern du GRIP pour l’Observatoire Boutros-Ghali du maintien de la paix, grâce à un financement de Affaires mondiales Canada.
Le Dr Jaïr van der Lijn (Pays-Bas) est le directeur du programme Opérations de paix et gestion des conflits au SIPRI. Il est également chercheur principal à l'Institut néerlandais des relations internationales « Clingendael » et chercheur associé à l'Université Radboud de Nimègue. Ses recherches portent notamment sur l'avenir des opérations de paix, leur évaluation et leurs facteurs de réussite et d'échec, ainsi que les approches globales au sein des missions. Il a récemment publié Peacebuilding and Friction: Global and Local Encounters in Post-conflict Societies (Routledge, 2016, co-éditeur), « Peacekeepers under threat? Fatality trends in UN peace operations », Note d'orientation du SIPRI (sept. 2015, coauteur) et African Directions: Towards an Equitable Partnership in Peace Operations (SIPRI, 2017, co-auteur).