Eugene Chen, et al., « Demand-driven operations: a new approach to UN peacekeeping », Institute For Security Studies, février 2025.
Eugene Chen, et al., « Demand-driven operations: a new approach to UN peacekeeping », Institute For Security Studies, février 2025.
Dans cette note d’information de l’Institute for Security Studies, les auteurs exposent les défis des opérations de maintien de la paix de l’ONU, notamment une crise de confiance due à leur rigidité structurelle, l’expansion excessive de leurs mandats et des contraintes budgétaires persistantes. Ils soulignent que ces missions sont encore trop souvent conçues selon des modèles standardisés qui ne prennent pas en compte les spécificités des contextes locaux. De plus, la priorité accordée aux interventions sécuritaires, telles que la lutte contre l’insurrection et l’imposition de la paix, s’est parfois faite au détriment des solutions politiques, exacerbant ainsi les conflits et la méfiance des populations et des gouvernements hôtes.
Pour répondre à ces défis, ils préconisent une réforme des missions et des « opérations axées sur la demande ». Cette approche vise à adapter les interventions aux réalités locales, plutôt que d’appliquer des schémas rigides et préétablis. Selon eux, la complexité croissante des mandats dilue l’efficacité des missions et rend leur mise en œuvre difficile, faute de ressources adéquates. Selon les auteurs, « les mandats devraient être simplifiés et se concentrer sur quelques objectifs stratégiques seulement ».
Les auteurs mettent également en avant l’importance de renforcer les partenariats et la coordination avec les équipes-pays de l’ONU et les organisations régionales, comme l’Union africaine. Une collaboration plus étroite permettrait d’élaborer des stratégies cohérentes et adaptées aux réalités locales ainsi que d’optimiser l’impact des opérations.
Ils insistent sur l’anticipation des transitions post mission pour éviter une rupture brutale des ressources et de l’attention internationale après le retrait de l’ONU. Les auteurs soulignent aussi que le financement est central. Les missions souffrent de budgets rigides et insuffisants, aggravés par les retards de paiement. Ils préconisent un financement plus flexible et prévisible afin de « veiller à ce que les opérations de paix atteignent leurs objectifs ».
Le Sommet pour l’Avenir tenu à New-York en 2024 visait à adapter les institutions internationales aux défis actuels et a abouti à l’adoption du Pacte pour l’Avenir. Ce document stratégique recommande une refonte des opérations de paix de l’ONU, offrant ainsi un cadre politique propice aux réflexions amenées par les auteurs.
Caroline Dunton, « Le Pacte pour l’avenir et la réforme du Conseil de sécurité », Bulletin Francopaix, UQAM, novembre 2024.
Caroline Dunton, « Le Pacte pour l’avenir et la réforme du Conseil de sécurité », Bulletin Francopaix, UQAM, novembre 2024.
Dans cet article publié dans le Bulletin FrancoPaix de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Caroline Dunton, chercheuse postdoctorale à Queen’s University, s’intéresse au Pacte pour l’avenir et à la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU et les défis techniques et géopolitiques inhérents. En septembre 2024, lors du Sommet pour l’avenir, les États membres de l’ONU ont adopté le Pacte pour l’Avenir dont un des éléments consiste en une potentielle réforme du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU). En effet, la mesure 39 du Pacte précise que le CSNU doit être « plus représentatif, plus inclusif, plus transparent, plus efficace, plus efficient et plus démocratique ».
L’article examine d’abord les propositions concurrentes des membres concernant la réforme du CSNU. Pour certains il faut aller jusqu’à modifier la Charte des Nations unies tandis que pour d’autres la priorité est de réformer les méthodes de travail comme le recours au veto ou encore de rajouter de nouveaux membres permanents notamment africains. Caroline Dunton rappelle que la réforme du CSNU n’est pas un sujet nouveau, mais qui a largement évolué avec le temps. Ensuite, l’autrice analyse plus en détail la mesure 39 du Pacte, qui, selon elle, aborde un autre angle possible de réforme en voulant rééquilibrer la balance de pouvoirs entre les États membres, mais sans en préciser les détails ou modalités de mise en œuvre concrètes. Un des éléments est de « réparer […] l’injustice historique faite à l’Afrique », mais vise aussi à élargir la représentation à d’autres pays du sud global. L’organisation onusienne reste face à d’importants défis pour une vraie réforme du CSNU. Tout d’abord cela n’est pas une priorité en raison des conflits qui occupent l’actualité. De plus les cinq membres permanents pourraient bloquer toute tentative de réforme. Ajouter de nouveaux membres ajoutés dans un CSNU déjà très divisé n’est pas forcément la solution idéale. Le Pacte pour l’avenir reste une avancée intéressante concernant la réforme du CSNU, mais encore trop floue et théorique, seul un vrai consensus du côté des États membres saurait permettre une réforme concrète, ce qui est hautement improbable à l’heure actuelle selon l’autrice.El-Ghassim Wane, Paul D. Williams, et Ai Kihara-Hunt, « L’avenir du maintien de la paix, nouveaux modèles et capacités connexes », Département des opérations de paix, Octobre 2024.
El-Ghassim Wane, Paul D. Williams, et Ai Kihara-Hunt, « L’avenir du maintien de la paix, nouveaux modèles et capacités connexes », Département des opérations de paix, Octobre 2024.
Dans cette étude indépendante commandée par le Département des opérations de paix (DOP), El-Ghassim Wane, le professeur Paul D. Williams, et la professeure Ai Kihara-Hunt s’intéressent à la façon dont le maintien de la paix de l’ONU peut se réinventer afin de s’adapter au contexte actuel et rester un outil multilatéral pertinent de résolution des conflits et de consolidation de la paix. L’objectif est de servir de base aux discussions de la prochaine réunion ministérielle sur le maintien de la paix qui se tiendra à Berlin en mai 2025.
Les auteurs commencent par rappeler que le maintien de la paix a su évoluer et s’adapter aux nouveaux enjeux des conflits armés. Ils soulignent le fait que malgré les défis rencontrés aujourd’hui il faut souligner que le maintien de la paix onusien reste un outil efficace qui a eu des effets positifs. Parmi les défis actuels, le rapport mentionne notamment les difficultés liées au consentement de l’État hôte, la compétition géopolitique qui divise le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), le manque de confiance croissant dans l’ONU, la pression financière mais aussi le manque de coordination avec les autres outils et activités de l’ONU.
Toutefois, les auteurs s’attachent à rappeler que le maintien de la paix de l’ONU a des avantages comparatifs qu’il ne faut pas les mettre de côté. Tout d’abord l’ONU reste l’entité principale responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales capable de réunir des parties prenantes très diverses. La capacité de projection et de génération de personnel de l’ONU est également mise en avant. Malgré une importante pression financière les sources de financements de l’ONU pour le maintien de la paix restent durables et flexibles. Un autre élément souligné est le fait que l’ONU a développé un ensemble de mécanismes de responsabilité et de conformité sans comparaison pour ses OP.
Afin de garantir l’alignement du maintien de la paix avec les défis et menaces actuelles, les trois auteurs ont développé 30 modèles que l’ONU pourrait utiliser à l’avenir. Parmi ces modèles on trouve par exemple l’assistance à une transition, le soutien à un accord de paix, la protection des ressources naturelles ou du patrimoine culturel ou encore la sécurité maritime. Cette liste non-exhaustive et flexible d’options qui peuvent se recouper doit permettre au CSNU de s’adapter au mieux au contexte en élaborant le mandat mais pourrait également aider les potentiels États hôtes d’une mission et parties au conflit à mieux comprendre l’éventail d’outils de maintien de la paix à disposition de l’ONU pour répondre à leurs besoins.
Les auteurs décrivent également les différentes modalités et types de missions dans lesquels ces modèlent pourraient être mis en œuvre :
- Mission autonome de l’ONU
- Missions séquencées
- Déploiements parallèles
- Opérations jointes
- Opérations hybrides
- Missions autorisées par l’ONU
Conscients que pour que ces modèles et modalités de déploiement soient efficaces il faut les ressources nécessaires, les auteurs consacrent un chapitre aux capacités clés qu’il faut développer ou renforcer. Parmi ces capacités on retrouve notamment plusieurs éléments liés à la gestion de l’information et à la communication stratégique. L’importance d’avoir des capacités de réserve de personnel et de déploiement rapide est également soulignée. Enfin les auteurs rappellent l’importance de garantir la sécurité mais aussi le bien-être du personnel, mentionnant notamment le fait que la santé mentale du personnel civil et en uniforme doit susciter plus d’attention et de ressources.
Enfin, les auteurs s’intéressent aux facteurs de succès qui doivent garantir l’efficacité des futurs missions de paix onusiennes. Dix facteurs sont ainsi identifiés et parmi eux on peut mentionner la coopération et le soutien des gouvernements hôtes, l’adaptabilité, la conduite et la responsabilité mais aussi l’efficacité des transitions, un élément souligné tout au long de l’étude. En conclusion, les auteurs soulignent quatre points essentiels :
- Le maintien de la paix doit se penser en complémentarité des autres activités de l’ONU et dans le cadre plus large des agendas de consolidation de la paix et de prévention des conflits.
- Le maintien de la paix peut aider à galvaniser une action multilatérale nécessaire pour faire face aux défis croissants en matière de paix et sécurité.
- Il ne faut pas oublier que malgré ses faiblesses le maintien de la paix a aidé plusieurs pays et populations à construire un ordre politique plus stable et pacifique.
- Bien qu’il soit efficace la plupart du temps, le maintien de la paix ne fonctionne pas comme une baguette magique, il faut un engagement constant des parties au conflit.
Roland Paris, « The future of UN peace operations: pragmatism, pluralism or statism? », International Affairs, septembre 2024.
Roland Paris, “The future of UN peace operations: pragmatism, pluralism or statism?”, International Affairs, septembre 2024.
Dans une nouvelle publication pour le journal International Affairs, le professeur Roland Paris, de l’Université d’Ottawa, s’intéresse aux reconfigurations en cours dans le maintien de la paix onusien et sur les débats doctrinaux associés. Revenant sur les impasses rencontrées par le maintien de la paix actuel, il estime que celui-ci a conduit à mettre de côté une approche dite « libérale » du maintien et de la construction de la paix, au profit d’une approche qui se veut désormais plus « pragmatique ».
Si cette doctrine semble désormais dominante, Paris veut mettre en garde contre une interprétation courante mais erronée de ce concept : l’idée que les acteurs de la construction de la paix pourraient devenir « agnostiques » au regard des objectifs finaux des processus de paix. Il rappelle que la notion de paix est elle-même subjective et ne peut être purement neutre ; la compréhension même de cette notion a toujours façonné les pratiques de gestion des conflits, et c’est encore le cas aujourd’hui.
Un maintien de la paix de type « pragmatique » restera donc intrinsèquement associé à des postulats implicites sur la façon dont les États touchés par les conflits doivent s’organiser. Nommément, Paris estime que l’approche pragmatique reste profondément associée à la promotion d’une paix durable requérant une pluralité politique et étatique comme socle d’une telle paix. Présenter une telle approche comme « agnostique » serait donc irréaliste, puisque les missions de paix ont toujours reposé sur des interprétations contingentes de ce que signifie la « paix » et de la manière dont les sociétés pacifiques devraient être organisées. Enfin, Il soutient que les pragmatistes feraient mieux d’adopter et de développer un cadre doctrinal explicitement pluraliste et assumé, sous peine d’abandonner l’idée de la construction de la paix à ceux qui cherchent à assimiler cette dernière à un autoritarisme répressif.
Obi Anyadike, « The changing face of peacekeeping: What’s gone wrong with the UN? », The New Humanitarian, juillet 2024.
Obi Anyadike, “The changing face of peacekeeping: What’s gone wrong with the UN?”, The New Humanitarian, juillet 2024.
Dans cet article publié sur le site The New Humanitarian, dans le cadre d’une nouvelle série sur les opérations de maintien de la paix des Nations unies, l’auteur, Obi Anyadike, se penche sur les difficultés et la crise de confiance que rencontrent aujourd’hui les opérations de paix de l’ONU. Il prend comme point de départ de sa réflexion le retrait actuel de la plus ancienne mission de l’ONU, la MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo), amenée à quitter définitivement la République Démocratique du Congo à la fin de l’année 2024, qui semble être un symbole de la remise en question profonde du maintien de la paix de l’ONU.
Obi Anyadike revient d’abord sur la crise de légitimité traversée aujourd’hui par le maintien de la paix onusien, soulignant que malgré la perception d’inefficacité, plusieurs études ont montré que la présence de Casques bleus permet de faire baisser les niveaux de violence et le nombre de victimes civiles. Selon lui, les missions de paix font face à trois défis majeurs sur le terrain qui expliquent cette crise de confiance : 1) la nature changeante des conflits, 2) les mandats irréalistes et irréalisables confiés par le Conseil de sécurité, 3) la fragmentation du système international.
Il souligne ensuite le fait que le format des grosses missions multidimensionnelles, qui ont été la norme des derniers déploiements de l’ONU, loin des premières missions de surveillance de cessez-le-feu, ne semblent plus correspondre à la réalité des conflits et des ressources disponibles.
L’auteur revient également sur un autre des défis du maintien de la paix onusien aujourd’hui, qui se situe au niveau du Conseil de sécurité, où les tensions et divisions empêchent également son bon fonctionnement. Un autre défi notable est l’aspect financier, en effet Obi Anyadike rappelle qu’il existe une pression financière importante sur le maintien de la paix, avec les grandes missions accusées de trop coûter (en ressources financières comme humaines) pour trop peu de résultats concrets.
Enfin, Obi Anyadike souligne le fait que face à ces défis, une solution pour le maintien de la paix semble être de se tourner vers les organisations régionales et sous-régionales, mieux équipées pour répondre aux défis de terrain actuels. Ce revirement a été confirmé par le vote en 2023 de la résolution 2719 au Conseil de sécurité qui établit un modèle de soutien financier de l’ONU aux opérations menées par l’Union africaine. Toutefois l’auteur rappelle que ces opérations ne sauraient tout résoudre et qu’elles comportent leur lot de défis, notamment en termes de ressources et de capacités. De plus, de seules opérations militaires ne sauraient apporter la paix. Et pour le moment, un soutien du Conseil de sécurité à de telles missions reste incertain.
« Prioritizing, Sequencing, and Streamlining UN Security Council Mandates: Taking Stock of Lessons Learned and Pathways Forward », Project note, Stimson Center, juin 2024.
« Prioritizing, Sequencing, and Streamlining UN Security Council Mandates: Taking Stock of Lessons Learned and Pathways Forward », Project note, Stimson Center, juin 2024.
Dans une nouvelle note, le Stimson Center propose un résumé des échanges qui ont eu lieu lors d’un récent atelier de réflexion, coorganisé en mai 2024 avec l’International Peace Institute et le Security Council Report. Les discussions réunissaient des représentants du secrétariat des Nations unies, des représentants des pays membres, ainsi que des experts divers. Elles portaient sur l’amélioration de la hiérarchisation, de l’ordonnancement et de la simplification des mandats du Conseil de sécurité de l’ONU. Cet échange, qui fait partie d’une série d’ateliers, vise à identifier des pistes pour améliorer le pragmatisme, l’efficacité et la faisabilité des opérations de paix de l’ONU. Malgré les efforts déployés au cours des deux dernières décennies, y compris à travers la mise en place des recommandations du rapport HIPPO de 2015, des entraves à la mise en œuvre complète des mandants subsistent. Ces défis majeurs incluent notamment la définition floue et ambiguë des mandats, les contraintes budgétaires, et les contextes politiques spécifiques.
Les participants ont convenu que la hiérarchisation des mandats a eu un impact significatif sur l’efficacité des missions et les relations avec les gouvernements hôtes, comme l’illustre le cas de la République centrafricaine. Toutefois, un débat s’est engagé sur le degré de détail et l’ordonnancement de ces mandats, certains plaidant pour des priorités générales afin de permettre aux missions de faire preuve de souplesse, d’autres étant favorables à des orientations détaillées. L’idée d’abandonner les mandats « sapin de Noël » au profit de mandats plus simples et pragmatiques a été débattue, avec des avis partagés sur les implications pratiques. Si cette rationalisation vise à préciser davantage les mandats et à réduire les attentes irréalistes, certains craignent de perdre des éléments essentiels tels que la surveillance des droits humains. Les contraintes budgétaires restent un défi important, et des appels ont été lancés en faveur de modèles de budgétisation plus flexibles afin d’améliorer l’allocation des ressources vis-à-vis des mandats. La principale conclusion souligne l’importance pour toutes les parties prenantes, y compris les gouvernements hôtes, les missions et le Conseil de sécurité, d’avoir une vision commune des objectifs de la mission. Compte tenu du déficit de confiance croissant entre ces parties prenantes, l’amélioration des pratiques en matière de hiérarchisation, d’ordonnancement et de simplification des mandats est cruciale pour le succès futur des opérations de paix de l’ONU.Youssef Mahmoud, « A New agenda for peace. Making peace plural and healing historical traumas », avril 2023.
A New agenda for peace. Making peace plural and healing historical traumas
Youssef Mahmoud, “A New agenda for peace. Making peace plural and healing historical traumas”, International Peace Institute, 27 avril 2023. Dans cet article, Youssef Mahmoud, chercheur senior pour l’International Peace Institute revient sur le Nouvel Agenda pour la Paix (NAP) et les lacunes de celui-ci. Dans un premier temps, l’auteur affirme que le NAP devrait tenir compte des déséquilibres géopolitiques actuels. Il dénonce notamment la faible représentation des pays asiatiques et africains au Conseil de Sécurité. L’auteur relève également une contradiction qui existe selon lui au sein même du NAP. Celui-ci développe que les méthodes classiques de prévention, gestion et résolution ne sont plus efficaces dans la gestion de conflits actuels. Pourtant, le NAP affirme que, pour améliorer la gouvernance, il ne faut pas de nouvelles institutions mais plutôt réapprendre à travailler ensemble. Aux yeux de Youssef Mahmoud, la gestion de la paix à travers des institutions dépassées ne peut qu’être néfaste. L’auteur présente ensuite deux lacunes à combler afin d’établir un NAP. La première relève du fait que la gestion de la paix et du déficit de paix dans les conflits s’inscrit actuellement dans le paradigme dominant de la paix libérale, imposée du haut vers le bas. En tentant de tenir compte de ces critiques, de nouvelles études ont privilégié les approches locales, qui comportent tout de même certains écueils. L’auteur dénonce en fait une forme de romantisation de l’approche locale de la construction de la paix. Les nouvelles recherches mettent à présent l’accent sur l’importance de diversifier la manière de concevoir la paix et de réévaluer la définition même de paix. La seconde lacune à combler selon l’auteur est de prendre en compte les traumatismes du passé et comment les réparer. Depuis la seconde guerre mondiale, l’Occident a renoncé à l’usage de la force sur son territoire. Cependant, certains peuples ont vécu les guerres par procuration durant la guerre froide, ou encore la colonisation et des décennies voire des siècles d’occupation et d’utilisation des ressources par d’autres États. Si le NAP ne tient pas compte de la nécessité de construire une paix macro-étatique et ne fournit pas un forum où les blessures du passé pourraient être traitées entre les protagonistes, aucune paix durable ne pourra être mise en place. Ce NAP doit tenir compte des expériences diverses et créer un forum où les peuples peuvent gérer leurs blessures intergénérationnelles.
Richard Gowan, « The future of multilateralism’», Policy Brief n°6, Geneva Centre for Security Policy, avril 2023.
“The future of multilateralism’’, Policy Brief n°6, Geneva Centre for Security Policy, avril 2023.
- Richard Gowan, “The future of multilateralism’’, Policy Brief n°6, Geneva Centre for Security Policy, avril 2023. Dans cet article du Geneva Centre for Security Policy(GCSP), Richard Gowan, directeur ONU auprès de l’International Crisis Group, revient sur les recommandations émises par le Conseil consultatif de haut niveau sur le multilatéralisme efficace (HLAB) et celles à inclure dans le Nouvel agenda pour la paix (NAP). Ces deux initiatives lancées par le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, visent à réviser l’architecture multilatérale actuelle en matière de paix et de sécurité en amont du « Sommet pour le futur » prévu pour septembre 2024 qui réunira les dirigeants du monde entier. L’auteur commence par rappeler les quatre défis sécuritaires à prendre en compte dans le NAP, à savoir :
-
- La détérioration des relations entre les grandes puissances qui menace de réduire la coopération multilatérale, notamment au Conseil de sécurité ;
- La recrudescence des guerres intra-étatiques et des conflits régionalisés, qui testent et questionnent les capacités des missions de maintien de la paix de l’ONU ;
- La prolifération des nouvelles technologies de combat, telles que l’intelligence artificielle et les systèmes d’armes autonomes létaux, qui manquent de réglementation ;
- La résistance des grandes puissances à l’avancée des agendas normatifs de l’ONU, notamment l’agenda Femmes, Paix et Sécurité.
Cédric de Coning et Ian Martin, « How to make UN peace operations more effective?’’», mars 2023.
“How to make UN peace operations more effective?’’
- Cédric de Coning et Ian Martin, “How to make UN peace operations more effective?’’, The World Stage, podcast, Norwegian Institute of International Affairs, 28 mars 2023. Dans cet épisode du podcast The World Stage, du Norwegian Institute of International Affairs (NUPI), Cédric de Coning, enseignant-chercheur au sein du groupe de recherche sur la paix, les conflits et le développement du NUPI, échange avec Ian Martin, fonctionnaire de l’ONU et membre du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix (OP) des Nations unies (HIPPO) en 2014-2015. Cet entretien porte sur le projet du Nouvel agenda pour la paix, lancé en septembre 2021 par le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, dans le but de repenser le rôle de l’ONU en matière de paix et de sécurité. L’échange se base sur les recommandations émises dans le rapport de l’HIPPO (A/70/95) de 2015 concernant l’avenir des OP de l’ONU et de leur pertinence à la lumière des consultations actuelles pour construire ce Nouvel agenda pour la paix. L’entretien se structure autour de quatre questions adressées à Ian Martin. La première porte sur la nécessité d’avoir un accord de paix ou de cessez-le-feu en amont du déploiement d’une opération de maintien de la paix (OMP). C’est l’occasion pour Ian Martin de souligner que l’ONU a pu par le passé s’engager dans des situations qui ne rencontraient pas les conditions nécessaires pour garantir le succès de la mission, en prenant l’exemple de la MINUSMA au Mali. Il insiste ainsi sur l’importance d’ancrer le déploiement d’une mission dans une véritable stratégie politique. La seconde question concerne la répartition des responsabilités entre les Nations unies et les organisations régionales dans le cadre de missions d’imposition de la paix menées par ces organisations régionales, comme peut le faire l’Union africaine (UA). Ian Martin souligne à cette occasion que certains contextes ne sont pas adaptés aux OMP, comme celui du contreterrorisme, dans lequel il est plus adapté de privilégier des opérations menées par des organisations régionales. Ensuite, Cédric de Coning et Ian Martin abordent les recommandations de l’HIPPO en ce qui concerne la manière dont l’ONU peut mobiliser l’ensemble du système onusien pour régler les différends, et cherchent à savoir si celles-ci sont toujours pertinentes pour le Nouvel agenda pour la paix. Enfin, Cédric de Coning évoque les situations dans lesquelles la paix qui émerge de processus locaux n’est pas conforme aux attentes de la communauté internationale et les difficultés de l’ONU à développer une approche locale. Ian Martin affirme ainsi que l’objectif de prendre en compte les volontés locales doit être réitéré dans le Nouvel agenda pour la paix. Cédric de Coning conclut à l’issue de cet échange, que beaucoup des recommandations de l’HIPPO sont toujours pertinentes aujourd’hui dans le cadre du Nouvel agenda pour la paix.
Daniel Forti, « Action for Peacekeeping Plus (A4P+): An Update on Monitoring and Implementation after Two Years », mars 2023.
“Action for Peacekeeping Plus (A4P+): An Update on Monitoring and Implementation after Two Years’’
- Daniel Forti, “Action for Peacekeeping Plus (A4P+): An Update on Monitoring and Implementation after Two Years’’, IPI, 20 mars 2023. Dans ce rapport publié par l’International Peace Institute (IPI), Daniel Forti se penche sur le suivi et l’évaluation de l’initiative Action pour le maintien de la paix plus (A4P+) deux ans après sa mise en place par le Secrétaire général des Nations unies. Il rappelle d’abord qu’A4P+ a été décidée en 2021 soit deux ans après l’initiative Action pour le maintien de la paix (A4P). A4P+ est une stratégie de mise en œuvre concrète d’A4P. L’auteur explique que le Département des opérations de paix (DOP) a établi un cadre et plan de suivi et évaluation d’A4P+ afin des indicateurs et des résultats escomptés pour les sept priorités thématiques identifiées et les priorités transversales que sont l’Agenda femmes, paix et sécurité et le maintien de la paix innovant. Pour cette note Daniel Forti s’est basé sur les deux rapports d’avancement publiés pour le moment. Il revient sur les avantages de ce suivi d’A4P+, soulignant notamment le fait que cela a permis de d’aider l’ONU à se concentrer sur les données dans ses approches du maintien de la paix et cela a été également l’occasion pour le DOP de mieux transmettre aux États membres les défis du maintien de la paix et comment mettre en œuvre des mesures concrètes. L’auteur met toutefois en lumière les lacunes dans le suivi d’A4P+, tout d’abord les rapports d’avancements se concentrent sur chaque priorité de manière séparée et il est donc difficile d’avoir une vue d’ensemble des progrès ou non de l’initiative A4P+. Ensuite, il reste compliqué pour le DOP d’identifier clairement l’ampleur des réalisations de l’initiative et dans quelle mesure cela aide à améliorer l’impact global du maintien de la paix onusien. Enfin, A4P+ et les efforts demandés aux États membres ont pu les détourner de leurs obligations de respecter la Déclaration d’engagements communs, signée au moment du lancement d’A4P. Daniel Forti conclut en se demandant si le DOP prolongera ou non cette initiative au-delà de l’année 2023 sachant que A4P+ a été définie comme étant limitée dans le temps mais elle a mis du temps a démarrer et plusieurs de ses priorités concernent des défis systémiques du maintien de la paix qui nécessitent des efforts sur le long terme. Il souligne également qu’aujourd’hui les divisions se creusent entre les États membres et que les missions de paix sont confrontées à un nombre croissant de défis et qu’ainsi les progrès ou non d’A4P+ n’est qu’une partie de la solution pour renforcer les opérations de paix onusiennes.
Marc Jacquand, « UN Reform and Mission Planning: Too Great Expectations? », novembre 2020.
UN Reform and Mission Planning: Too Great Expectations?
- Marc Jacquand, « UN Reform and Mission Planning: Too Great Expectations? », IPI, novembre 2020. Marc Jacquand, ancien conseiller au sein du bureau exécutif du Secrétaire général, examine pour International Peace Institute les différents volets de la réforme des Nations unies et explore leur impact sur la planification des missions, en s’appuyant sur l’expérience de quatre d’entre elles qui ont récemment débuté ou qui ont fait l’objet d’une transition (en Colombie, en Haïti, au Soudan et au Yémen). Il en tire une série de recommandations destinées à optimiser la planification des missions ; en particulier il encourage l’ONU à faire un usage accru et plus efficace des mécanismes de gestion de la paix et de la sécurité dès les premières étapes de la planification afin de garantir que les dirigeants des Nations unies aient un ton et une vision unifiés ; il promeut également d’associer de manière plus formelle et plus transparente le Conseil de sécurité aux examens stratégiques.
Lisa Sharland, « Bouncing Back from Rock Bottom: A New Era for the UN Special Committee on Peacekeeping Operations? », IPI Global Observatory, octobre 2020.
Bouncing Back from Rock Bottom: A New Era for the UN Special Committee on Peacekeeping Operations?
- Lisa Sharland, « Bouncing Back from Rock Bottom: A New Era for the UN Special Committee on Peacekeeping Operations? », IPI Global Observatory, octobre 2020. Cette publication évalue les récentes évolutions qui ont marqué le comité spécial des opérations de maintien de la paix des Nations unies (C-34) et s’interroge sur la pertinence des changements mis en place, en particulier au regard du rapport annuel du comité publié en mars 2020. Ce dernier a été restructuré autour des huit priorités thématiques de l’Action pour le maintien de la paix (A4P) et a également contribué à traduire en pratique les initiatives de la « Déclaration d’engagements communs ». Pour l’auteure Lisa Sharland, directrice du programme international de l’Institut de politique et de stratégie australien (ASPI) basé à Canberra, cette restructuration est une victoire en soi. De nombreuses tensions ont entouré cette réforme, alors que des délégués avaient estimé que le comité avait « touché le fond » en raison du manque de consensus autour du précédent rapport, en 2019. Cet échec avait effrité la pertinence et la légitimité du comité, conduisant les parties prenantes à être plus ouvertes à une possible restructuration de la méthode de travail pour l’édition 2020. Pour Sharland, ce nouveau rapport, re-façonné et renouvelé, donne une orientation plus claire et plus pertinente aux acteurs du maintien de la paix et redore le blason du C-34. Elle estime que cette victoire, quoiqu’encore incomplète, est le résultat de plus de dix ans de tentatives de réformes au sein du comité.
Jake Sherman, « Action for Peacekeeping: One Year into the Implementation of the Declaration of Shared Commitments », IPI, septembre 2019.
« Action for Peacekeeping: One Year into the Implementation of the Declaration of Shared Commitments »
- Jake Sherman, « Action for Peacekeeping: One Year into the Implementation of the Declaration of Shared Commitments », IPI, septembre 2019. À la suite de la Déclaration d’engagements communs signée par 152 États membres des Nations unies, ainsi que 4 organisations internationales, l’International Peace Institute (IPI) tente de dresser un bilan de la première année de mise en œuvre. L’article souligne dans un premier temps les efforts réalisés par le groupe de pays : efforts en interne réalisés par le Secrétariat des Nations unies d’une part, et les efforts externes du Secrétariat pour encourager les États signataires à s’engager davantage, notamment à travers la « création d’un espace de partage et d’échange, moins politisé que d’autres instances onusiennes (telles que le C34, le Cinquième comité, ou le Conseil de sécurité) ».Une seconde partie souligne les efforts engagés par les États signataires de la Déclaration. Selon IPI, les nombreuses réunions organisées dans le cadre de l’A4P (avec des OSC, États membres, employés de l’ONU…) ne semblent pas avoir mené « outre mesure » à des actions concrètes par les membres du Conseil de sécurité, malgré l’intérêt certain de ces acteurs concernant le maintien de la paix. Le présent article conclu qu’en un an, bien que l’A4P ne soit pas « mort », en grande partie grâce aux effort du chef du Département des OMP, l’Action pour le maintien de la paix n’a pas encore atteint son potentiel maximum : « A4P est coincé entre sa fonction d’outil visant à pallier les changements continus et incrémentiels qui répondent à des lacunes et des défis préexistantes d’une part, et la poursuite d’une vision ambitieuse pour l’avenir du maintien de la paix d’autre part ».
Linda Akua Opongmaa Darkwa, « A4P and the UN-AU partnership », International forum for the challenges of Peace Operations, mai 2019.
A4P and the UN-AU partnership
Linda Akua Opongmaa Darkwa, « A4P and the UN-AU partnership », International forum for the challenges of Peace Operations, mai 2019. Dans cette « policy brief », Linda Akua Opongmaa Darkwa revient sur la nécessité pour l’UA et l’ONU de collaborer afin de renforcer la déclaration d’engagements communs issue de l’initiative « Action pour le maintien de la paix » lancée par le Secrétaire général des Nations unies en 2018. L’auteure revient ainsi sur le partenariat grandissant entre le Conseil de sécurité des Nations unies et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, sur les diverses formes que prennent ces partenariats opérationnels sur le terrain (AMIS, MINUAD pour exemple). Aussi, cette note met en lumière les perspectives de partenariats ONU-UA pour garantir et renforcer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix ainsi que pour mieux préparer, former et équiper le personnel en uniforme des opérations de maintien de la paix.
Jake Sherman, « Action for Peacekeeping : Will political consensus lead to change in practice? », IPI, septembre 2018.
« Action for Peacekeeping: One Year into the Implementation of the Declaration of Shared Commitments »
Jake Sherman, « Action for Peacekeeping : Will political consensus lead to change in practice? », IPI, septembre 2018. Dans cette note Jake Sherman, revient sur l’initiative, « Action for Peacekeeping » lancée par le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres le 28 mars dernier. L’auteur rappelle la réalité des opérations de maintien de la paix actuelles, particulièrement difficiles et mortelles, qui se caractérisent par une dissonance croissante entre ce que ces opérations peuvent accomplir, et les attentes du Conseil de sécurité, à travers notamment la pression croissante des membres permanents à la diminution des dépenses. Ainsi, il qualifie l’initiative « Action for Peacekeeping » d’appel à agir. Selon lui, il s’agit d’abord de proposer des solutions politiques, et dépasser les divisions qui mènent à la paralysie du Conseil de sécurité. D’autre part, cette initiative implique le renforcement de la protection des civils, car malgré déjà de nombreux progrès, il est nécessaire de déterminer les rôles que doivent jouer les acteurs militaires et non militaires, et d’impliquer les populations locales pour plus d’efficacité. Cet appel à agir doit également s’inquiéter des questions de sureté et de sécurité pour le personnel engagé en mission – l’année 2017 fut l’une des années les plus meurtrières au sein des troupes onusiennes – et de la tendance des OMP à devenir de plus en plus une partie aux conflits. Il évoque également la nécessité de soutenir une performance efficace à travers une culture de suivi, d’évaluation et d’apprentissage, et du développement de la dimension politique, essentielle selon lui, du maintien et de la consolidation de la paix. Il aborde ensuite la nécessité de l’amélioration des partenariats, à travers une meilleure délimitation entre les opérations onusiennes et les autres, ainsi que l’objectif de tolérance zéro visé par cette initiative en ce qui concerne les abus et l’exploitation sexuels de la part des Casques bleus. Il conclut en soutenant que cette initiative vise à fournir au Secrétaire général l’appui politique et les ressources nécessaires à la mise en œuvre des nombreuses réformes qu’il a lancé. L’objectif est de provoquer un changement positif dans les politiques et les pratiques des principales parties prenantes au maintien de la paix (les pays contribuant financièrement, ceux contribuant en terme de troupes, les États hôtes ou encore les partenaires régionaux). Jake Sherman considère qu’il y a deux moyens de mesurer le succès de « l’Action for Peacekeeping » : d’une part voir dans quelle mesure les États membres honorent leurs engagements, et d’autres part dans quelle mesure ces engagements permettent aux OMP de mettre fin aux conflits et d’installer une paix durable.
Jake Sherman et Adam Day, « Political Solutions Must Drive the Design and Implementation of Peace Operations », International Peace Institute, juin 2018.
Political Solutions Must Drive the Design and Implementation of Peace Operations
- Jake Sherman et Adam Day, Political Solutions Must Drive the Design and Implementation of Peace Operations, International Peace Institute, juin 2018. Cette note de Jake Sherman et Adam Day, traite d’un axe central de l’initiative « Action pour le maintien de la paix » (A4P), à savoir la recherche de solutions politiques dans la conception et la mise en œuvre des opérations de paix afin d’aboutir à une paix durable et au renforcement du maintien de la paix. Les chercheurs évoquent les défis auxquels sont confrontées les opérations de maintien de la paix actuelles pour définir et atteindre des solutions politiques, du fait de la nature des conflits affectant les pays dans lesquels les Casques bleus sont déployés. Ils proposent ensuite neuf recommandations générales visant à mieux lier les mandats et la stratégie politique des missions afin de favoriser les solutions politiques face aux crises complexes dans lesquelles les missions de maintien de la paix sont déployées. Ces recommandations soulignent la nécessité de développer une compréhension commune des objectifs de la mission par les parties prenantes, et de soutenir une stratégie politique globale pour toutes les composantes de la mission afin d’atteindre lesdits objectifs. De plus, le Représentant spécial du Secrétaire général doit être en charge de la conception, de la mise en œuvre et de la révision régulière de la stratégie globale d’une mission ; à cette fin, le chef d’état-major de la mission doit s’assurer que la stratégie du Représentant spécial est traduite en termes opérationnels pour toutes les composantes de la mission. Les auteurs préconisent également une hiérarchisation et un séquençage des mandats pour faire avancer le processus politique d’une mission. Il est aussi nécessaire de prendre des mesures concrètes pour lier l’engagement politique des Nations unies aux niveaux international, régional, national et sous-national : les missions doivent être explicitement mandatées pour soutenir les initiatives de médiation locales et nationales, les représentants spéciaux doivent participer plus activement aux stratégies politiques régionales et sous-régionales afin de s’assurer qu’elles soient alignées avec celles des Nations unies et les États membres de l’ONU ont la responsabilité de fournir un soutien politique et un accompagnement continus aux opérations de paix.
Lisa Sharland, « How Peacekeeping Policy Gets Made: Navigating Intergovernmental Processes at the UN », International Peace Institute, Mai 2018.
How Peacekeeping Policy Gets Made: Navigating Intergovernmental Processes at the UN »
- Lisa Sharland, « How Peacekeeping Policy Gets Made: Navigating Intergovernmental Processes at the UN », International Peace Institute, Mai 2018. Ce rapport s’intéresse aux processus intergouvernementaux à l’œuvre dans l’élaboration des politiques de maintien de la paix de l’ONU, en vue d’identifier des éléments à prendre en compte pour construire un consensus sur leurs orientations futures. L’auteure rappelle que le rapport HIPPO de 2015 sur les opérations de paix reconnaissait déjà la nécessité de renforcer les processus intergouvernementaux ainsi que les « consultations triangulaires » entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes, dans l’élaboration des mandats des opérations de paix. Comme l’a d’ailleurs rappelé le Secrétaire général en insistant sur l’importance de l’action collective des États membres dans le cadre de sa nouvelle initiative « Action pour le maintien de la paix » lancé en mars dernier. Le document souligne particulièrement la portée des consultations et négociations intergouvernementales pour le maintien de la paix de l’ONU. En effet, ce sont les États membres de l’ONU qui rendent les mandats du Conseil de sécurité opérationnels par la fourniture d’une contribution financière, en personnel et en équipements. La compréhension des processus intergouvernementaux et des partenariats est par conséquent essentielle pour aborder les réformes et construire un consensus sur l’orientation future du maintien de la paix. D’autant plus que, rappelle Lisa Sharland, les parties impliquées dans la formulation des politiques de maintien de la paix (pays fournisseurs de contingents, contributeurs financiers, membres permanents du Conseil de sécurité, pays hôte) ont des intérêts différents voire divergents sur les réformes à entreprendre. Ces différences sont souvent aggravées par un accès limité des États à l’information ainsi que par les divergences sur le rôle et les responsabilités des organes des Nations unies dans la mise en œuvre des réformes du maintien de la paix. Afin de dépasser les nombreux défis liés aux processus intergouvernementaux existants et en renforcer les résultats, le rapport propose plusieurs recommandations à l’attention du Secrétariat, des États membres et des autres parties impliquées dans la formulation des politiques de maintien de la paix. Premièrement, l’auteure préconise de favoriser la compréhension des défis du maintien de la paix de l’ONU et du processus d’élaboration des politiques par les représentants travaillant sur les questions de maintien de la paix et les pays contributeurs de troupes. Deuxièmement, les États doivent renforcer les mécanismes de consultation informels pour discuter des questions de maintien de la paix. Le Conseil de sécurité est également invité à dialoguer de manière plus dynamique avec les pays fournisseurs de contingents et les pays en développement. Troisièmement, il est nécessaire de définir une vision commune. À cette fin, le dialogue sur les limites et le rôle des principes du maintien de la paix doit être encouragé ; il en est de même pour l’identification des priorités pour le financement extrabudgétaire du DOMP et du DAM et la réforme des méthodes de travail du comité C-34. Quatrièmement, il faut améliorer le partage de l’information, les rapports et la responsabilisation entre les différents acteurs impliqués.
Mona Ali Khalil, « With UN Security council reform, bigger is not better », mars 2018.
With UN Security council reform, bigger is not better
- Mona Ali Khalil, « With UN Security council reform, bigger is not better », Passblue, 28 mars 2018. Selon l’article 23 de la Charte des Nations unies, les dix membres non permanents du Conseil de sécurité sont élus par l’Assemblée générale qui tient « spécialement compte, en premier lieu, de la contribution des membres de l’organisation au maintien de la paix et de la sécurité internationales et aux autres fins de l’Organisation et aussi d’une répartition géographique équitable. ». Selon l’auteur, enportant l’attention à la composition du Conseil de sécurité depuis deux décennies, les États membres (EM) se sont détournés de la question de la performance du Conseil de sécurité. Les discussions relatives à l’augmentation du nombre de sièges ont surtout divisé les EM, ceux-ci travaillant davantage les uns contre les autres. En outre, l’Assemblée générale (AG) apparait comme l’otage de la volonté des cinq membres permanents qui doivent ratifier toute modification de la Charte en cas d’augmentation du nombre des membres. Par ailleurs, afin d’obtenir ou conserver un siège, les États sont trop complaisants envers les membres permanents et ne jouent pas le rôle de contrepoids afin que le Conseil assure ses responsabilités. Ils apparaissent trop divisés et donc trop faibles pour pouvoir s’opposer collectivement à certaines résolutions qu’ils considèrent injustes ou pour s’opposer au droit de véto. L’auteur propose trois mesures à la portée de l’AG afin de rendre le Conseil de sécurité plus efficace et ce, sans modifier la Charte des Nations unies : lors de l’élection des cinq membres du Conseil en juin prochain, l’AG pourrait examiner de manière plus approfondie la contribution de chaque pays candidat au maintien de la paix et à la sécurité ainsi qu’aux autres objectifs des Nations unies.
Arthur Boutellis et Alexandra Novosseloff, « Road to a Better UN? Peace Operations and the Reform Agenda », novembre 2017.
“Road to a Better UN? Peace Operations and the Reform Agenda »
- Arthur Boutellis, Alexandra Novosseloff, “Road to a Better UN? Peace Operations and the Reform Agenda », IPI, novembre 2017. Arthur Boutellis et Alexandra Novosseloff, ont rédigé un rapport qui s’interroge sur l’efficacité du programme de réformes des opérations de paix des Nations unies que compte mener le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Les deux chercheurs rappellent que sur le terrain, les opérations de paix sont amenées à intervenir dans des environnements opérationnels de plus en plus complexes tandis qu’au niveau du siège des Nations unies, les États membres sont divisés sur la nature même (et le coût) du maintien de la paix. Le programme de réforme des opérations de maintien de la paix est axé sur cinq points : la revalorisation de la dimension préventive des conflits, la création d’un bureau des Nations unies spécialisé dans le contre-terrorisme, la réforme du système de développement des Nations unies, la restructuration de l’architecture du « Pilier paix et sécurité » et enfin, une réforme globale de la gestion au sein des Nations unies. Il est indispensable que les différents points de la réforme soient en corrélation avec les orientations stratégiques du rapport HIPPO. Arthur Boutellis et Alexandra Novosseloff ont notamment indiqué qu’une simple réorganisation structurelle ne règlerait les problèmes que sur le court terme. C’est pourquoi il est indispensable que la réforme soit cohérente et réfléchie, afin qu’elle modifie en profondeur les approches et les processus onusiens du maintien de la paix.
Alexandra Novosseloff, « Can we make peacekeeping great again ? », mai 2017.
Can we make peacekeeping great again ?
- Alexandra Novosseloff, « Can we make peacekeeping great again ? », Global Peace Operations Review, mai 2017. Alexandra Novosseloff affirme que la réforme des Opération de maintien de la paix (annoncée par le Secrétaire général (SGNU) Antonio Guterres ne pourra réellement fonctionner que si une réflexion sur la nature et les limites des OMP est menée et permet d’aboutir à un consensus autour d’une nouvelle doctrine des OMP. La chercheuse souligne que les OMP n’ont eu de cesse, depuis leur création, de se réinventer, et qu’elles constituent un moyen relativement bon marché et efficace de contenir les conflits violents. Elle ajoute que les mandats trop larges et trop vagues et la militarisation des missions (brigade d’intervention rapide, contre-terrorisme) en l’absence de doctrine en la matière ont cependant créé des attentes impossibles à remplir pour les OMP, mis à mal les principes de base et les capacités des OMP, divisé les États membres des Nations unies et affaibli la crédibilité de l’organisation. Selon elle, les limites actuelles des OMP sont multiples. Premièrement, l’ONU n’a jamais reçu suffisamment de moyens pour mener à bien les tâches qui lui sont confiées. Deuxièmement, une fois sur le terrain, les OMP font face à plusieurs problèmes : les Casques bleus déployés loin des intérêts stratégiques de leur pays souhaitent prendre un minimum de risque, les unités qui les constituent manquent d’interopérabilité, les territoires de déploiement sont souvent très étendus, et les OMP manquent souvent du support de leurs créateurs – en particulier les membres du Conseil de sécurité (CSNU). Enfin, l’impartialité qui fait l’identité des OMP décourage l’utilisation de la force. Alexandra Novosseloff conclut que, pour renforcer les OMP, il faut que les pays contributeurs de troupes s’entendent sur les limites des OMP, en recentrant celles-ci sur leurs principes de base que sont l’impartialité, l’utilisation minimale de la force et le consentement, et que le CSNU joue un rôle politique plus actif, y compris via des embargos et des sanctions.