Tobias Böhmelt, « When are peacekeepers ‘‘green?’’ », Environment and Security, 4 janvier 2024.
Tobias Böhmelt, « When are peacekeepers ‘‘green?’’ », Environment and Security, 4 janvier 2024.
Dans cet article publié par la revue Environment and Security, Tobias Böhmelt, chercheur à l’université d’Essex, s’intéresse à l’orientation environnementale que peuvent prendre les opérations de paix (OP) des Nations unies dans l’exécution de leur mandat. Il cherche à comprendre quels sont les facteurs qui peuvent expliquer une telle orientation. Il rappelle d’abord que depuis la fin de la Guerre Froide, les OP sont multidimensionnelles et peuvent inclure dans leurs mandats des éléments pas forcément liés à la paix et à la sécurité. Pour l’auteur, l’empreinte environnementale des missions de l’ONU, la lutte contre le changement climatique ou encore la protection de l’environnement peuvent faire partie de ces éléments. Plusieurs OP ont pu ainsi intégrer des orientations environnementales, à l’instar de la MINUSMA qui avait incorporé un plan d’action environnemental « pour observer la gestion des déchets solides et dangereux, de l’énergie, de l’eau, des eaux usées, de la flore et de la faune » ou la MONUSCO dont les mesures politiques faisaient référence à la « protection de l’environnement ». De plus, l’ONU a, depuis les années 2000, développé un cadre normatif important concernant l’impact environnemental des missions de paix et le rôle que ces dernières peuvent jouer pour la protection de l’environnement.
Tobias Böhmelt s’intéresse en particulier à l’orientation environnementale des OP déployées sur le continent africain depuis 1991, puisqu’avant cette date les missions ne prenaient pas en compte les facteurs environnementaux, ou de manière trop secondaire.
Il constate ainsi que les OP onusiennes ont de plus en plus une orientation environnementale, non seulement en termes d’empreinte environnementale de la mission elle-même mais également concernant plus largement la protection de l’environnement du pays hôte. Les résultats de l’article permettent de montrer que les OP semblent être plus à même d’avoir une orientation écologique lorsqu’elles sont déployées dans un espace vulnérable au changement climatique et au stress environnemental.
L’étude réalisée permet de tirer deux conclusions intéressantes et de repérer deux mécanismes, d’abord les OP prennent une orientation écologique parce qu’elles en ont besoin et sont déployées dans un terrain soumis au stress environnemental et ensuite, les OP peuvent aussi adopter une orientation écologique lorsqu’elles comprennent que cela peut favoriser le processus de consolidation de la paix. L’auteur souligne que ces deux mécanismes sont complémentaires et non concurrents.
Emmanuelle Cousin et Daniel Forti, “How Negotiations on Contingent-Owned Equipment Can Help “Green” UN Peacekeeping”, The Global Observatory, 20 janvier 2023.
Ingrid Munch Emmanuelle Cousin et Daniel Forti, “How Negotiations on Contingent-Owned Equipment Can Help “Green” UN Peacekeeping”, The Global Observatory, 20 janvier 2023.
Agathe Sarfati, “Toward an Environmental and Climate-Sensitive Approach to Protection in UN Peacekeeping Operations”, IPI, 17 Octobre 2022.
Agathe Sarfati, “Toward an Environmental and Climate-Sensitive Approach to Protection in UN Peacekeeping Operations”, IPI, 17 Octobre 2022.
Daniel Forti et Emmanuelle Cousin, « Contingent-Owned Equipement and Environmental Considerations in UN Peacekeeping Operations ». IPI, 26 September 2022.
Daniel Forti et Emmanuelle Cousin, « Contingent-Owned Equipement and Environmental Considerations in UN Peacekeeping Operations ». IPI, 26 September 2022.
- Daniel Forti et Emmanuelle Cousin, « Contingent-Owned Equipement and Environmental Considerations in UN Peacekeeping Operations ». IPI, 26 September 2022. Dans cette publication de l’International Peace Institute, Daniel Forti et Emmanuelle Cousin s’intéressent à l’impact écologique des opérations de paix (OP) de l’ONU et plus particulièrement à celui de l’équipement appartenant aux contingents (contingent-owned equipment). Ils rappellent que les OP de l’ONU sont une des principales sources de l’impact écologique de l’organisation et que de mauvaises pratiques environnementales risquent non seulement d’altérer ou de détériorer les écologies locales, de perturber la vie des populations locales mais aussi de saper la réputation et la légitimité de l’ONU. Les Nations unies connaissent ce risque et ont développé de nombreuses solutions pour réduire cet impact mais les deux auteurs soulignent que les efforts ont été fait avant tout au niveau du secrétariat de l’ONU. Selon eux il faut mettre davantage d’accent sur les efforts à faire du côté des États membres et particulièrement les équipements appartenant aux contingents, ont un impact très important sur l’environnement. Les deux auteurs soulignent ainsi qu’il faut un changement dans la façon dont les États membres abordent la question environnementale concernant les contingents et leur équipement. Ces changements doivent avoir lieu au niveau intergouvernemental d’abord afin de régler les différends existants entre pays contributeurs de troupes et pays contributeurs financiers. Ensuite il faut un changement au niveau national, pour favoriser le déploiement d’équipements écologiques, mais cela pourrait également nécessiter de changer la structure d’incitation financière de l’ONU à cet effet. Enfin, quatre points ont été soulevés dans l’article pour améliorer l’impact écologique des missions de paix : les États membres doivent élargir leur champ d’action au-delà des énergies renouvelables; des ajustements sur le plan national doivent être adoptés; un forum devrait être organisé pour les États membres, dédié au partage des pratiques respectueuses de l’environnement; enfin, l’article appuie sur l’importance de réduire rapidement l’impact écologique des missions de paix au vu de l’urgence climatique à laquelle nous faisons face.