Le renouvellement des conditions du dialogue triangulaire entre le Conseil, le Secrétariat et les pays fournisseurs de troupes et de personnels de police est central pour le succès des opérations de paix.
Le renouvellement des conditions du dialogue triangulaire entre le Conseil, le Secrétariat et les pays fournisseurs de troupes et de personnels de police est central pour le succès des opérations de paix. Présenté comme un principe de la coopération entre les États membres sur le maintien de la paix, ce dialogue est l’objet d’une redéfinition permanente dans la doctrine des Nations unies depuis l’Agenda pour la paix (1992) au rapport Brahimi (2000), de la doctrine Capstone (2008) au rapport Nouvel Horizon (2009) jusqu’au rapport HIPPO (2015). Si le principe d’une concertation de haut niveau sur les opérations de paix semble acquis, sa mise en œuvre fait ressortir des attentes contradictoires : le Secrétariat demande aux contributeurs d’engager des troupes performantes alors même que cette exigence dépend des capacités et de l’allocation qu’il leur concède, basées notamment sur un dialogue franc et sincère en amont du déploiement de la mission. Les difficultés des casques bleus en Centrafrique ont rappelé la nécessaire refondation d’un dialogue triangulaire inclusif qui intègre une perspective aussi bien horizontale que verticale, ouverte à l’expertise militaire pour une compréhension homogène des mandats.
Cette note entend d’abord synthétiser les enjeux liés au dialogue triangulaire dans la mise en œuvre des mandats. Elle revient ensuite sur les leçons apprises en Centrafrique et formule des recommandations pour améliorer la concertation et renforcer la performance sur le terrain des opérations de paix.
Dr Axel Augé est sociologue, docteur en sociologie politique et militaire et habilité à diriger des recherches (HC) à l’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (AMSCC), où il dirige l’Observatoire des forces morales au centre de recherches (CReC Saint-Cyr). Chercheur associé à l’Observatoire Boutros-Ghali du Groupe de recherche et d’information sur la paix (OBG-GRIP) à Bruxelles, il est l’auteur de plusieurs publications et communications sur les organisations et les acteurs impliqués dans le maintien de la paix et les armées en Afrique subsaharienne. Membre du Laboratoire interdisciplinaire et de recherche en innovations sociétales (LiRIS, EA 7481) à l’université de Rennes 2 en France, il mène ses travaux sur les soldat de la paix, les patriotismes, les organisations militaires et le psycho-traumatisme des personnels en uniforme.