- Allard Duursma, Sarah Lindberg Bromley et Aditi Gorur, “The Impact of Host-State Consent on the Protection of Civilians in UN Peacekeeping”, Civil Wars, 14 avril 2023. Dans un article publié dans la revue scientifique Civil Wars, Allard Duursma, Sara Lindberg Bromley et Aditi Gorur, mettent en lien le consentement des Etats hôtes de missions de maintien de la paix des Nations Unies et faculté des Casques bleus à protéger les civils. Élément central des opérations de paix (OP), la protection des civils regroupe plusieurs activités : le renforcement des capacités de l’État membre à protéger les non-combattants, le signalement des violations aux droits humains, la protection et le soutien aux processus de dialogue. Ces activités sont fortement dépendantes de la qualité du consentement du gouvernement hôte. Les auteur·ices se proposent de faire une analyse à travers deux cas d’étude – MINUSCA et UNMISS. Les auteur·ices avancent que le consentement des États hôtes repose sur un spectre allant de l’acceptation totale au refus de la mission. Le consentent des États peut donc être partiel, récalcitrant, ou encore instrumentalisé. C’est un processus dynamique, dont la qualité impacte la capacité des Casques bleus à remplir leur mission. Un degré de consentement bas complique la protection des civils de différentes manières. Alors que toutes les OP dépendent de la coopération entre États hôtes et Casques bleus, cette collaboration dans la protection des civils peut être compromise. Le travail de signalement des violations aux droits humains peut être empêché voire saboté par les autorités étatiques. Par ailleurs, les efforts de formation du gouvernement hôte peuvent être perçus comme une ingérence par les autorités locales. Dans le cas de la MINUSCA, l’opération de paix a bénéficié d’un fort soutien de la part du gouvernement centrafricain, facilitant la mission de protection des populations civiles. Au contraire, l’UNMISS a été déployée dans un contexte de consentement dégradé, ce qui a considérablement impacté son mandat. Cependant, d’autres paramètres sont à prendre en compte, en particulier l’implication d’autres forces militaires ou le type d’activité de protection des civils. Dans le cas de la MINUSCA, l’engagement des Casques verts de l’Union africaine dans l’assistance politique à la protection des populations a mené à une marginalisation des forces de l’ONU sur ce portfolio. Dans celui de l’UNMISS, l’absence de soutien gouvernemental aux Casques bleus ne les a pas empêchés de conduire un travail de surveillance et de signalement des violences faites aux civils. La qualité du consentement accordé par les États hôtes reste pourtant un paramètre crucial dans la bonne conduite des OP. Les auteurs recommandent donc une compréhension plus poussée du consentement et du soutien des Etats hôtes dans l’élaboration et l’étude des OP.
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