Marie-Joelle Zahar et Laurence Deschamps Laporte, “Is the Future of Peacekeeping Female? Middle Powers, Liberal Internationalism and the 1325 Agenda”, Journal of Intervention and Statebuilding, 2023.

Marie-Joelle Zahar et Laurence Deschamps Laporte, “Is the Future of Peacekeeping Female? Middle Powers, Liberal Internationalism and the 1325 Agenda”, Journal of Intervention and Statebuilding, 2023.

« Dans cet article paru dans le Journal of Intervention and Statebuilding, Marie-Joelle Zahar professeure de sciences politiques à l’Université de Montréal et Laurence Deschamps-Laporte assistante professeur à l’Université de Montréal s’intéressent à la mise en œuvre de l’Agenda 1325 dans les opérations de paix de l’ONU. Plus spécifiquement elles évaluent son impact limité qui selon elles n’est pas seulement dû à l’opposition des États membres de l’ONU plus conservateurs mais plutôt à la manière dont les puissances moyennes libérales (dont le Canada et les pays nordiques) l’ont promu.

Les autrices partent du constat que les pays nordiques et le Canada ont largement soutenu le volet opérations de paix de l’Agenda 1325 par des initiatives comme le Groupe des Amis de la résolution 1325 créé en 2000 ou plus récemment l’Initiative Elsie, et que ces pays ont donc joué un rôle majeur dans les efforts mis en œuvre mais aussi dans la façon dont cet Agenda a été pensé et implémenté.

Elles soulignent d’abord que les efforts d’intégration de l’Agenda 1325 dans les opérations de paix a eu deux impacts : au niveau des pratiques et au niveau de la socialisation. Concernant les pratiques : deux en particulier montrent les efforts de l’Agenda 1325 : la collecte de données ventilées par sexe et la désignation des « composantes genre » (les conseillers genre, les unités genre et les points focaux genre) dans les opérations de paix. Ensuite, au niveau de la socialisation, les autrices se sont penchées sur les initiatives visant à convaincre les États de mettre en œuvre des changements en faveur de l’inclusion des femmes dans la police et les forces armées, ainsi que de leur déploiement dans les missions de maintien de la paix. À ce titre, elles soulignent deux outils : les formations sur le genre et les initiatives pour augmenter le nombre de femmes en uniformes dans les opérations de paix comme l’Initiative Elsie.

Ensuite, les deux chercheuses se penchent sur les raisons qui peuvent expliquer les limites des résultats de l’Agenda FPS concernant les opérations de paix. Elles soulignent d’abord que les Amis de la résolution 1325 ainsi que le Secrétariat de l’ONU ont privilégié une approche basée sur l’argument de l’efficacité opérationnelle plus que sur l’égalité. Or, il n’existe aucune preuve qu’avoir plus de femmes dans les opérations de paix permet une meilleure efficacité opérationnelle. De plus, ces arguments tendent à promouvoir une vision essentialiste des femmes, ce qui va à l’encontre des objectifs premiers de l’Agenda 1325. Enfin, les autrices soutiennent que des actions symboliques plus que réellement transformatrices ont été choisies en priorité concernant cet Agenda, notamment en se concentrant sur l’augmentation chiffrée des femmes en uniformes. »

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