Jana Kissling et Hannah Smidt, “(UN-)Protected Elections – Left for Good? Withdrawal of United Nations Peacekeeping Operations and Its Effects on Violence During Electoral Periods in War-Affected Countries”, International peacekeeping, 20 avril 2023.

« Dans cet article académique publié dans la revue International Peacekeeping, les chercheuses Jana Kissling et Hannah Smidt s’intéressent à la fin des opérations de paix. Adoptant une démarche quantitative, elles étudient l’incidence du retrait des troupes onusiennes sur les violences en période électorale. Elles justifient ce choix d’étudier les élections par l’importance accordée par l’ONU à une transition démocratique sur le théâtre des OP, notamment à travers la tenue d’élections libres. Ces dernières marqueraient le retour à une forme de stabilité politique.

Prenant pour cas d’études 11 opérations de paix passées et présentes (y compris la MINUSCA, la MINUSMA et la MONUSCO), Kissling et Smidt effectuent une analyse statistique des incidents violents en période d’élections pré et post-retrait de troupes onusiennes. Elles remarquent plusieurs tendances:

  • Sur le court terme : en comparaison aux périodes précédant le retrait des OP, les violences en période électorale augmentent effectivement après le départ de troupes onusiennes. Ces heurts ne sont en général pas durables. Cependant, quand ils persistent – comme dans le cas du Soudan, ils amoindrissent considérablement la légitimité des institutions étatiques locales.
  • Sur le long terme : on ne remarque pas, sur la temporalité longue, une recrudescence de violence en période électorale suivant le retrait des opérations de paix. Cela peut s’expliquer par plusieurs éléments, dont la formation des forces de l’ordre locales par les OP, ou encore la pacification substantielle des zones de combat suite à l’intervention des casques bleus.
  • En dehors des périodes électorales : Le retrait d’une opération de paix dans une région, à l’intérieur d’un État est associé à une hausse des violences intercommunales, des manifestations antiétatiques violentes et d’émeutes impliquant les forces armées locales.

Kissling et Smidt concluent leur article en soulignant le manque de préparation des OP quant à leurs stratégies de sortie, ce qui laisse les États hôtes vulnérables aux pics de violences en période électorale et en dehors de ces dernières. Rappelant les pressions sur le budget de l’ONU et la réduction prévue des effectifs au sein des OP, elles soulignent l’importance de mieux penser et prévoir le retrait des casques bleus de leur théâtre d’opération. »

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