Annelies Hickendorff, Jaïr van der Lijn, “Renewal of MINUSMA: a missed opportunity for new generation of DDR”, SIPRI, juin 2017.

Annelies Hickendorff et Jaïr van der Lijn ont déclaré que le Conseil de sécurité des Nations unies avait manqué une opportunité de relancer le processus de DDR (Désarmement, Démobilisation et Réintégration) au Mali en ne mettant pas assez l’accent sur ce point particulier lors du renouvellement du mandat de la MINUSMA en juin 2017. En effet, malgré le déploiement de plusieurs forces antiterroristes au Mali, le processus de DDR a pris un certain retard et l’insécurité continue à s’étendre dans le pays chaque année. Tout d’abord, le processus de DDR actuel est seulement destiné aux membres signataires des accords de paix d’Alger (2015) alors qu’il ne prend aucunement en compte la réintégration sociale ou militaire des groupes non signataires, considérés comme « extrémistes ». Or, cette vision simpliste et binaire des forces, visant à opposer les groupes signataires du traité (considérés comme « groupes rebelles ») aux groupes composés de « terroristes islamistes », n’est pas adaptée au paysage politique malien puisque la motivation première des « groupes extrémistes » n’est pas seulement la religion. En effet, la MINUSMA ne prendrait pas assez en compte les causes profondes de la violence en refusant d’étudier en profondeur les racines des conflits locaux, c’est-à-dire le ressentiment d’exclusion politico-économique par le gouvernement ou la compétition régionale entre les groupes pour contrôler les routes de la drogue. En outre, selon les deux chercheurs, le DDR ne répond pas aux besoins et aux motivations individuelles des combattants. Les groupes restent profondément fragmentés et les affiliations des soldats pourraient être facilement remises en question si on leur offre une protection et un solide emploi. En somme, selon Annelies Hickendorff et Jaïr van der Lijn, le processus de DDR doit être pleinement intégré aux opérations de contreterrorisme et il doit viser l’ensemble des combattants au Mali. Il est indispensable que le programme de DDR de la MINUSMA mette un terme à cette dichotomie opposant les groupes « rebelles » aux groupes « extrémistes ». L’approche de ce processus doit être plus compréhensive et se pencher sur les réelles causes de la violence et les motivations personnelles des combattants. Ainsi, la prochaine génération malienne sera capable de jouer un rôle dans la prévention et le rejet de l’extrémisme violent.